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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/398

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THUCYDIDE, LIV. VII.

Spartiate, des Hilotes et des néodamodes que leur incorporation parmi les citoyens constitue libres.

Les Corinthiens seuls fournirent de l’infanterie et des vaisseaux ; les Leucadiens, les Ampraciotes, servirent avec eux, parce qu’ils avaient une même origine. Des troupes soudoyées furent envoyées de l’Arcadie par les Corinthiens ; on força les Sicyoniens à faire la guerre.

On n’eut, hors du Péloponnèse, que les Béotiens.

Comparés à tous ceux qui se rendirent en Sicile, les Siciliens fournirent à eux seuls le contingent le plus considérable sous tous les rapports. Ils le devaient, habitant de grandes cités. Ils rassemblèrent beaucoup d’hoplites, des matelots, de la cavalerie, enfin tout ce que réclamaient les différentes branches de service. On peut dire aussi que les Syracusains, comparés à tout le reste des peuples de Sicile, fournirent le contingent le plus considérable, à raison de l’étendue de leur ville, et parce que c’étaient eux qui couraient le plus grand danger.

Chap. 59. Tels furent les secours que rassemblèrent les deux partis. Ils les avaient dans le temps dont je parle, et depuis ni l’un ni l’autre n’en reçut de nouveaux. Les Syracusains et leurs alliés avaient raison de penser que ce serait un bel exploit, à la suite de leur victoire navale, de faire prisonnière toute l’armée des Athéniens, cette armée naguère si formidable, sans lui laisser aucun moyen d’échapper ni par terre, ni par mer. Ils s’occupèrent donc de fermer le grand port, qui avait environ huit stades d’ouverture. Ils en obstruèrent l’entrée, en y mettant à l’ancre des trirèmes, des vaisseaux de charge et des barques. Ils faisaient en même temps tous les apprêts nécessaires, dans le cas où les Athéniens oseraient hasarder encore un combat naval ; et ils donnaient à tout la plus scrupuleuse attention.

Chap. 60. Les Athéniens, qui se voyaient renfermés, et qui n’ignoraient pas les desseins ultérieurs de l’ennemi, crurent devoir tenir conseil. Les généraux et taxiarques s’assemblèrent. Ils manquaient de tout : pour le moment ils n’avaient pas de convois à recevoir ; car, dans l’idée d’un prochain départ, ils avaient fait dire à Catane de n’en pas envoyer, et ils n’en devaient pas même attendre à l’avenir, à moins de remporter une victoire navale. Ils résolurent donc d’abandonner leurs retranchemens supérieurs, de s’emparer de quelque lieu voisin de la flotte, où ils construiraient un fort qui pût, quoique très petit, contenir les ustensiles et les malades ; ils y mettraient garnison et feraient monter tout le reste des troupes sur la flotte, sans distinction des bâtimens encore en bon état ou presque entièrement hors de service. Alors ils livreraient combat : vainqueurs, ils se porteraient à Catane ; vaincus, ils incendieraient leurs vaisseaux, et, rangés en ordre de bataille, ils gagneraient par terre, le lieu le plus voisin et ami, soit hellène, soit barbare.

Cet avis passa ; ils l’exécutèrent. Ils descendirent avec précaution de leurs retranchemens, équipèrent tous les vaisseaux, au nombre d’environ cent dix, et forcèrent à les monter tout ce qu’il y avait d’hommes que leur âge rendait aptes à un service quelconque. Ils placèrent sur les ponts quantité d’archers et de gens de trait, Acarnanes ou autres étrangers, et pourvurent à tout le reste, autant que le permettaient de telles circonstances et le projet qu’ils avaient conçu. Presque tout était prêt, quand Nicias, qui voyait les troupes abattues d’une défaite maritime, désastre dont elles n’avaient pas l’habitude, et cepen-