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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/416

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THUCYDIDE, LIV. VIII.

prenait les plus vigoureuses mesures contre la rébellion de Chio.

Chap. 16. Cependant Strombichide arrive à Samos avec ses huit vaisseaux, joint à sa flotte un vaisseau samien, se porte à Téos, et conjure les habitans de ne pas faire de mouvement. Chalcidée, de son côté, faisait voile de Chio à Samos, avec vingt-trois vaisseaux, soutenu de l’infanterie des Clazoméniens et des Érythréens, qui le suivaient en marchant parallèlement à la flotte. Strombichide, pressentant une lutte prochaine, avait, le premier, gagné la haute mer ; mais, voyant la supériorité de la flotte ennemie qui était partie de Chio, il s’enfuit à Samos : on se mit à sa poursuite. Les Téiens, qui d’abord avaient refusé de recevoir l’armée de terre, l’accueillirent ensuite, voyant les Athéniens en fuite. Le parti démocratique était d’abord resté dans l’inaction, attendant le retour de Chalcidée ; mais, comme il tardait, ils rasèrent eux-mêmes le mur élevé par les Athéniens du côté où Téos regarde le continent. Ils furent secondés, dans cette opération, par l’arrivée d’un petit nombre de barbares que commandait Tagès, lieutenant de Tissapherne.

Chap. 17. Chalcidée et Tissapherne, étant revenus de la poursuite de Strombichide, convertirent en hoplites les matelots de la flotte péloponnésienne, et, les laissant à Chio, les remplacèrent par des matelots de cette île ; équipèrent encore vingt autres bâtimens et se portèrent sur Milet pour y opérer une défection. Alcibiade, ami des principaux citoyens de cette république, voulait les mettre dans le parti avant l’arrivée des vaisseaux péloponnésiens, et assurer à ceux de Chio, à Chalcidée, à lui-même, et à l’éphore Endius, à qui il l’avait promis, tout l’honneur de la lutte, et celui d’avoir opéré la défection de tant de villes avec les seules forces de Chio et les cinq navires de Chalcidée. Ils firent donc, sans être aperçus, la plus grande partie du trajet, devancèrent de peu Thrasiclès, qui, avec douze vaisseaux, venait d’Athènes seconder Strombichide, et soulevèrent Milet. Les Athéniens arrivèrent sur leurs traces avec dix-neuf vaisseaux : on ne les reçut pas ; ils prirent terre à Ladé, île adjacente.

La révolte de Milet venait d’éclater quand le grand roi, par l’entremise de Tissapherne et de Chalcidée, conclut, pour la première fois, avec Lacédémone, une alliance offensive et défensive dont voici la teneur :

Chap. 18. Les Lacédémoniens et leurs alliés ont conclu avec le grand roi et avec Tissapherne alliance offensive et défensive, aux conditions suivantes :

Toutes les contrées et les villes que possède le grand roi ou que possédaient ses pères, resteront sous sa domination.

Le grand roi, les Lacédemoniens et leurs alliés, empêcheront, en commun, que les Athéniens ne reçoivent rien des villes d’où ils tirent de l’argent ou tout autre revenu.

Le grand roi, les Lacédémoniens et leurs alliés, feront, en commun, la guerre aux Athéniens. Il ne sera permis ni au grand roi, ni aux Lacédémoniens, ni aux alliés, de faire la paix avec Athènes sans l’aveu de toutes les parties contractantes.

Ceux qui se révolteront contre le grand roi, seront ennemis de Lacédémone et des alliés.

Ceux qui se soulèveront contre Lacédémone et leurs alliés, seront ennemis du grand roi.

Chap. 19. Telle fut la teneur du traité. Aussitôt après, les habitans de Chio équipèrent dix autres bâtimens, et firent voile pour Anéa, dans le dessein de savoir ce qui s’était passé à Milet, et de