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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/788

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ARRIEN, LIV. I.

la phalange et charger en même temps toute sa cavalerie ; en peu de momens tout fut tué ; il n’échappa que ceux qui se cachèrent sous des cadavres ; deux mille tombèrent vivans au pouvoir du vainqueur. Les généraux des Perses qui périrent, furent Niphates, Petènes, Spithridate, satrape de Lydie, Mithrobuzanes, gouverneur de Cappadoce, Mithridate, gendre du roi Darius, Arbupales, petit-fis d’Artaxerxès et fils de Darius, Pharnace, beau-frère du prince, Omar, général des étrangers. Arsite, échappé du combat, se sauve en Phrygie, où, désespéré de la ruine des Perses dont il était la première cause, il se donna, dit-on, la mort.

Du côté des Macédoniens il périt, dans le premier choc, vingt-cinq Hétaires. Alexandre leur fit élever à Dium des statues d’airain de la main de Lysippe, le seul des statuaires Grecs auquel il permit de reproduire ses traits. Le reste de la cavalerie ne perdit guère plus de soixante hommes, et l’infanterie trente. Le lendemain Alexandre les fit ensevelir avec leurs armes et leur équipage. Il exempta les auteurs de leurs jours et leurs enfans de payer, chacun sur leur territoire, un tribut de leurs personnes et de leurs biens. Il eut le plus grand soin des blessés, visitant les plaies de chacun d’eux, leur demandant comment ils les avaient reçues, leur donnant toute liberté de s’entretenir avec orgueil de leurs exploits. Il accorda aussi les derniers honneurs aux généraux Persans, et à ceux même des Grecs à leur solde qui avaient péri avec eux dans le combat ; mais il fit mettre aux fers ceux d’entre eux qu’il avait pris vivans, et les envoya en Macédoine pour être esclaves, parce que désobéissant aux lois de la patrie, ils s’étaient réunis aux Barbares contre les Grecs.

Il envoya à Athènes trois cents trophées des dépouilles des Perses, pour être consacrés dans le temple de Minerve avec cette inscription : Sur les Barbares de l’Asie, Alexandre et les Grecs, à l’exception des Lacédémoniens.

Il nomma Calas satrape de la province que gouvernait Arsite, à la condition d’en percevoir les mêmes tributs que l’on payait à Darius ; les Barbares étant descendus des montagnes pour se rendre à lui, il les renvoie chez eux. Il pardonna aux Zélites qui n’avaient combattu que malgré eux avec les Barbares.

Il envoie Parménion s’emparer de Dascilium, qui, dépourvu de garnison, lui ouvrit ses portes.

Chap. 5. Alexandre marche vers Sardes ; il n’en était éloigné que de soixante-dix stades, lorsque Mithrène, gouverneur de la place, accompagné des premiers de la ville, vint à sa rencontre : ils lui apportaient des trésors et les clefs de la citadelle. Alexandre campa aux bords de l’Hermus, que vingt stades séparent de la ville. Il détache Amyntas pour prendre possession de la place, et retient Mithrène auprès de lui avec honneur. Il rend la liberté aux habitans de Sardes et de la Lydie, et leur permet de se gouverner par leurs anciennes lois. Il monte à la citadelle que les Persans avaient occupée ; il la trouva extrêmement fortifiée. En effet elle s’élevait sur une hauteur inaccessible, escarpée, ceinte d’une triple muraille. Il résolut d’ériger sur le sommet un temple et un autel à Jupiter Olympien ; et, comme il cherchait la place qu’il lui assignerait, voilà qu’au milieu d’un ciel serein le tonnerre gronde, et qu’une pluie abondante tombe où fut l’ancien palais des rois de Lydie. Alexandre crut que le Dieu lui-même désignait la place ; il y fait bâtir le temple. Il laisse à Pausanias, un des Hétaires, la garde de la citadelle ; et à Nicias le soin de répartir et

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