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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/789

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ARRIEN, LIV. I.

de percevoir les tributs. Il établit Asandre gouverneur de la Lydie et du reste de la province, à la place de Spitridate, avec le nombre d’hommes de trait et de chevaux nécessaires pour la garder.

Calas et Alexandre, fils d’Œrope, furent chargés de conduire, dans le pays soumis à Memnon, toutes les troupes du Péloponnèse et des alliés, à l’exception des Argiens qu’on laissa en garnison dans Sardes.

Cependant la nouvelle de cette victoire mémorable s’étant répandue, les troupes étrangères en garnison à Éphèse, prennent la fuite sur deux trirèmes dont elles s’emparent : avec eux était Amyntas, fils d’Antiochus, qui avait abandonné la Macédoine et Alexandre, non qu’il eût à s’en plaindre, mais par haine particulière, et par hauteur de sentiment qui n’en voulait rien souffrir.

Alexandre arriva le quatrième jour à Éphèse, ramenant avec lui ceux de ses partisans qu’on avait bannis ; et ayant aboli l’oligarchie, rétablit le gouvernement populaire. Il assigna à Diane les tributs que l’on payait aux Barbares. Affranchi de la crainte qu’inspiraient les oligarques, le peuple recherche à mort ceux qui ont donné entrée à Memnon, pillé le temple de Diane, brisé la statue de Philippe dans son enceinte, et renversé sur la place publique le tombeau d’Héropyte, qui avait rendu la liberté à Éphèse. Ils arrachent du temple, Syrphace, Pélagon son fils, ses neveux, et les lapident. Alexandre empêcha les recherches et les supplices de s’étendre ; il prévoyait qu’abusant bientôt de son pouvoir, le peuple le tournerait non-seulement contre les coupables, mais contre les innocens, pour satisfaire sa vengeance ou son avidité. Et certes, parmi les titres d’Alexandre à la gloire, sa conduite à Éphèse ne fut pas le moindre.

Sur ces entrefaites arrivent des députés de Magnésie et de Tralle, pour offrir leurs villes à Alexandre. Il y envoie Parménion avec deux mille cinq cents hommes d’infanterie étrangère, autant de Macédoniens et deux cents cavaliers du corps des Hétaires. Il détache vers les villes de l’Éolie et de l’Ionie, encore au pouvoir des Barbares, Alcimale, avec un pareil nombre de troupes, et l’ordre de détruire partout l’oligarchie, de relever la démocratie, de rendre aux peuples leur ancienne constitution, et d’abolir les tributs qu’ils payaient aux Barbares.

Il s’arrête à Éphèse ; sacrifie à Diane, et accompagne la pompe avec toutes ses troupes sous les armes, en ordre de bataille.

Le lendemain, il marche vers Milet avec le reste de l’infanterie, les hommes de trait, les Agriens, la cavalerie des Thraces, le premier corps des Hétaires, suivi de trois autres ; il s’empare de la ville extérieure abandonnée sans défense, y place son camp, résolu de cerner la ville intérieure par une circonvallation. Hégesistrate, qui commandait la place, avait d’abord écrit à Alexandre pour la lui rendre ; mais reprenant courage par l’arrivée de l’armée persane qu’on annonçait, il ne pensait plus qu’à la garder aux Perses.

Cependant Nicanor, qui commandait la flotte des Grecs, prévint les Perses, et trois jours avant qu’ils se présentassent, mouilla en l’île de Ladé, près de la ville, avec cent soixante voiles. Les Perses, arrivant trop tard, et trouvant la position occupée par Nicanor, se retirèrent sous le promontoire de Mycale. En effet, Alexandre, pour garder cette île, avait, outre ses vaisseaux, fait passer dans le port quatre mille hommes, composés de Thraces et d’étrangers. La flotte des Barbares était de quatre cents voiles.