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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/1001

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POLYBE, LIV. XXXIII.

dans le port. Mais on n’arriva pas à temps pour empêcher Flaminius de descendre ; il était débarqué et ses ballots étaient déjà sur la rive. D’abord ils lui ordonnent de sortir de leur pays. Il méprise ces ordres ; on pille ses bagages. Ses domestiques les veulent défendre ; on les repousse et on les insulte ; Flaminius lui-même vient au secours ; on le couvre de blessures et on jette à terre deux de ses gens, on poursuit les autres jusqu’à leur vaisseau, et Flaminius, remonté sur son bord, est obligé, pour sauver sa vie, de couper les câbles des ancres. On le transporta à Marseille, où rien ne fut négligé pour le guérir.

Le sénat, informé de ces tristes événemens, fait partir au plus vite, avec une armée, le consul Quintus Opimius, pour se venger des Oxybiens et des Décéates. Les troupes se rendirent à Placentia ; de là, le long de l’Apennin. Le consul vint dans le pays des Oxybiens et campa sur les rives de l’Apron, où il attendit les ennemis, dont il avait ouï dire qu’ils s’assemblaient, bien résolus à combattre. Il conduisit de là son armée devant Ægitna, où le droit des gens avait été violé d’une manière si criante dans sa personne et dans celle de ses collègues. Il prit la ville d’assaut, en réduisit les habitans à l’esclavage, et envoya liés et garrottés à Rome les principaux auteurs de l’insulte qui leur avait été faite. Après cet exploit, il alla au-devant des Oxybiens qui, désespérant de fléchir le courroux des Romains, venaient, par un excès de témérité, les attaquer, au nombre d’environ quatre mille hommes, avant que les Décéates les eussent joints. Opimius, capitaine habile et expérimenté, fut frappé de leur hardiesse ; mais voyant qu’elle n’était fondée sur aucun principe, il s’attendit bien que de pareils ennemis ne feraient pas longue résistance. Il sort donc de son camp, il range ses troupes, les anime à bien faire et marche aux Oxybiens au petit pas. Le choc fut si vif qu’en un moment ils furent défaits. Plusieurs restèrent sur le champ de bataille, les autres prirent la fuite et se dissipèrent.

Les Décéates en corps d’armée se présentèrent pour secourir les Oxybiens ; mais il était trop tard. Ils rallièrent cependant les fuyards, et avec ce renfort ils vinrent attaquer les Romains. Ils combattirent avec beaucoup de courage et de vivacité. Enfin ils cédèrent, se rendirent aux Romains et leur livrèrent la ville capitale de leur pays. Le vainqueur distribua aux Marseillais toutes les terres qu’il venait de conquérir. Il voulut que les Liguriens envoyassent à Marseille des ôtages qu’on échangerait à certaine époque. Il désarma les ennemis, et fit prendre à ses soldats des quartiers d’hiver dans leurs villes. Ainsi commença et finit, en peu de temps, la guerre contre les Oxybiens et les Décéates. (Ibid.)


Aristocrate, préteur de Rhodes.


À juger de ce Rhodien par son air noble et sa taille avantageuse, on ne pouvait s’empêcher de le respecter et de le craindre. Il n’en fallut pas davantage aux Rhodiens pour lui donner le commandement de leurs armées ; mais ils se repentirent dans la suite de ne l’avoir pas bien étudié. L’occasion se présenta d’agir ; à l’épreuve de ce creuset, il ne parut plus le même. Il démentit par ses actions le jugement qu’on en avait trop légèrement porté. (Vertus et Vices.) Dom Thuillier.


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