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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/1002

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POLYBE, LIV. XXXIII.

Les Romains rompent avec Prusias et se disposent à lui faire la guerre.


En Asie, l’hiver n’était pas encore passé qu’Attalus se trouva un très-grand nombre de troupes. Ariarathe et Mithridate, en vertu de leur alliance avec le roi de Pergame, lui avaient envoyé de la cavalerie et de l’infanterie sous le commandement de Démétrius, fils d’Ariarathe. Tout se disposait pour la campagne, lorsqu’on apprit que les commissaires romains étaient arrivés à Quades. Attalus les y joignit, et après quelques conférences sur l’affaire présente, ils partirent pour la Bithynie. Là, ils déclarent à Prusias les ordres dont ils étaient chargés pour lui de la part du sénat. Ce prince veut bien se soumettre à quelques-uns, et refuse d’obéir à la plupart des autres. Les commissaires, choqués de cette résistance, renoncent à son amitié et à son alliance, et reprennent sur-le-champ la route de Pergame. Prusias se repent de sa faute, les suit pendant quelque temps, tâche de les toucher ; ses efforts sont inutiles, il retourne chez lui et ne sait plus quel parti prendre. De retour chez Attalus, les envoyés de Rome lui conseillèrent de se tenir avec son armée sur les frontières de son royaume sans faire le premier aucun acte d’hostilité, et de mettre à couvert de toute insulte les villes et les bourgs de sa domination. Ils se partagèrent ensuite ; les uns retournèrent à Rome pour y informer le sénat de la rébellion de Prusias, les autres se répandirent dans l’Ionie, quelques-uns prirent leur route vers l’Hellespont et les villes voisines de Byzance ; et dans tous ces endroits ils ne travaillèrent, car c’était l’unique but qu’ils s’étaient proposé, qu’à détourner les peuples de l’alliance de Prusias et à rassembler des forces en faveur d’Attalus. (Ambassades.) Dom Thuillier.


Paix entre Prusias et Attalus.


Attalus, avec le secours de tant d’alliés, se vit bientôt une flotte nombreuse. Rhodes lui fournit cinq galères à trois rangs, qui avaient été envoyées pour la guerre de Crète ; Cyzique lui en donna vingt ; lui-même il en avait équipé vingt-sept ; de sorte qu’avec celles que d’autres alliés encore lui envoyèrent il composa une flotte de quatre-vingts galères, dont il donna le commandement à Athénée, son frère. Ce prince, cinglant vers l’Hellespont, faisait de continuelles descentes sur la côte de la Bithynie et y mettait tout au pillage. Heureusement pour Prusias, le sénat, sur le rapport des députés qu’il lui avait envoyés, en nomma promptement trois autres, Appius Claudius, Lucius Oppius et Aulus Postumius, qui, arrivés en Asie, finirent la guerre en obligeant les deux rois à souscrire à ce traité : Que Prusias donnerait, pour le présent, vingt galères pontées à Attalus ; qu’il lui payerait cinq cents talens dans l’espace de vingt ans ; que l’un et l’autre se renfermeraient dans les bornes de leur état, telles qu’elles étaient avant la guerre ; que Prusias, en réparation des dommages qu’il avait causés dans les terres de Méthymne, d’Égium, de Cumes et d’Héraclée, restituerait à ces villes cent talens. Ces conditions acceptées, Attalus ramena ses troupes, tant de terre que de mer, dans son royaume. Ainsi fut conduite la guerre que les différends d’Attalus et de Prusias avaient allumée. (Ibid.)