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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/195

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considérait la désolation de son armée, il porta ses pensées vers un autre général qui, dans une marche bien plus longue, et avec une multitude de Barbares sur les bras, avait sans accident ramené presque toutes ses troupes. Où es-tu, Xénophon ! s’écriait-il.




CHAPITRE XI.


Conquête des Gaules par les Romains. — État géographique et politique des Gaules, au temps de l’invasion de Jules César.


Nous avons vu les Gaulois, nomades ou vagabonds, courir jusqu’en Asie, par peuplades indépendantes, qui n’avaient point entre elles de liaison, et n’entretenaient même aucune correspondance avec la contrée d’où elles étaient originaires. L’historien les retrouve réduits à n’oser sortir de leur pays. Tous leurs efforts tendent maintenant à repousser les Barbares, et surtout ces terribles Romains qui, après leur avoir fermé l’Italie, voulurent les conquérir, comme ils subjuguèrent tous les peuples policés ou semi-barbares dont le nom parvint jusqu’à Rome ; tous, excepté les Parthes ou les Perses, qu’ils combattirent long-temps et ne soumirent jamais.

La Gaule était alors partagée entre une multitude de petits peuples ennemis l’un de l’autre. Leurs mœurs tenaient encore beaucoup de celles des nomades ; ils n’erraient plus ; mais leurs troupeaux les occupaient plus que l’agriculture, qu’ils cultivaient à peine.

Les Salyes, ou Salluves, ou Salves, habitaient au nord de Massilie ; les Oxybes et les Décéates s’étendaient à l’orient. Ces hordes, qui faisaient partie de la Ligurie, tentaient souvent des incursions sur le territoire de Marseille. Elle s’en plaignit à Rome, dont la coutume était d’interdire le droit des armes à ses alliés, et de se charger du soin de les défendre.

Rome envoya C. Popilius Lænas avec deux autres sénateurs, en ambassade chez les Oxybes, afin de les engager à respecter son alliée.

Ces trois députés voulurent débarquer à Ægitna, ville qui n’existe plus aujourd’hui, mais que l’on croit avoir été située en Provence à quelques lieues de l’embouchure du Var. Les Oxybes s’opposèrent à leur débarquement, attaquèrent les gens de Popilius, et le blessèrent lui-même.

Le consul Q. Opimius Nepos fut désigné pour venger cet outrage. Il assemble ses troupes à Plaisance, traverse toute la Ligurie, se rend à Ægitna, assiége cette ville et l’emporte d’assaut. On réduisit les habitans à l’esclavage, et le sénat fit punir de mort ceux qui avaient insulté l’ambassadeur romain.

Q. Opimius défit ensuite le reste de la nation des Oxybes, et les Décéates, qui leur envoyaient des secours. Il prit Antipolis (Antibes), ville voisine d’Ægitna.

On peut supposer que les Décéates avaient enlevé Antibes aux Massiliens, qui lui donnèrent le nom grec d’Antipolis, en face de la ville, pour exprimer la position de cette place, située vis-à-vis de Nice, autre ville fondée par eux, en commémoration d’une bataille qu’ils gagnèrent sur les Ligures ; car Nice signifie la ville de la victoire.

Le consul, ayant soumis les Oxybes et les Décéates, prit chez eux ses quartiers d’hiver, et donna aux habitans de Massilie une partie de leur territoire. Telle fut la première conquête des Romains dans la Gaule Transalpine. (Ans 600 de Rome ; 154 av. notre ère.)

Après vingt-neuf ans de tranquillité les Massiliens se plaignirent encore. Ils étaient en butte aux incursions des Sal-