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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/21

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guerre des Romains contre les Gaulois ; il ne s’en présente pas de plus formidable, ajoute-t-il, lorsque l’on considère la valeur, la multitude des combattans, et le nombre de ceux qui périrent en bataille rangée ; il n’y en eut point de plus méprisable, si l’on en recherche les motifs et la manière dont les Gaulois la conduisirent. Quelque chose qu’ils fassent, continue cet historien, ces Barbares suivent plutôt l’impétuosité de leur caractère, que la raison et la prudence. Ils furent chassés de tous les lieux voisins de l’Éridan.

Les historiens ont remarqué que cette dernière bataille, livrée contre les Insubres, et dans laquelle le consul Marcellus tua Virdumar, chef des Gaulois, est l’époque où le nom des Germains se trouve pour la première fois dans l’histoire Romaine (ans 529 de Rome ; 225 av. notre ère.). C’est-à-dire qu’après avoir passé l’Éridan, les Romains commencèrent à ne plus confondre tous les peuples du Nord sous le nom de Celtes ou de Gaulois.

Les Romains qui avaient divisé les terres des Germains voulurent agir de même à l’égard des Boïes et des Insubres. Ils envoyèrent dans ces contrées deux triumvirs pour faire le partage et pour y marquer les endroits les plus propres à fonder des colonies. Ces triumvirs indiquèrent les lieux où sont aujourd’hui Plaisance et Crémone.

Le peuple Boïen ne voyait ce partage qu’avec indignation, lorsqu’une nouvelle, arrivée du fond de l’Occident, vint ranimer son courage et lui rendre la hardiesse de reprendre les armes. Cette nouvelle annonçait qu’Annibal, général des Carthaginois, avait passé l’Èbre et les Pyrennées, et qu’il s’avançait à travers les Gaules pour attaquer les Romains jusque dans l’Italie.

Rome était instruite de ce projet depuis long-temps ; mais la distance des lieux et les difficultés de la route, le présentaient comme impossible à exécuter. La jeunesse d’Annibal, comptant à peine vingt-sept années, l’inconstance naturelle de cet âge, et la légèreté ordinaire aux Africains, pouvaient encore rassurer l’Italie. D’ailleurs les factions divisaient Carthage ; la famille de Hannon avait toujours été opposée à la famille Barcine ; et une entreprise de cette nature ne pouvait réussir qu’autant qu’elle serait secondée par la volonté unanime du sénat.

Cependant la prudence romaine veille à tout : des ambassadeurs vont en Espagne et en Afrique observer la disposition des esprits, et ce sont eux qui déclarent la guerre au sénat de Carthage. Ils retournent en Espagne afin de susciter des ennemis aux Carthaginois ; enfin ils se rendent dans les Gaules pour engager les habitans de s’opposer au passage d’Annibal.

Avant d’entrer dans le détail des opérations militaires exécutées par ce grand homme de guerre, il est nécessaire d’examiner quelle était la composition des armées romaines, et de faire connaître l’esprit d’une milice que douze siècles de succès brillans et soutenus, ont à juste titre fait passer pour modèle auprès des nations qui se sont distinguées dans la science des armes.




CHAPITRE II.


Organisation des Troupes Romaines.


Végèce, admirant la juste proportion de toutes les parties dont la légion romaine était composée, entre dans une sorte d’enthousiasme : « Il faut, dit-il, qu’un conseil supérieur à la prudence