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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/224

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vaient n’avoir pas le même intérêt, il devenait de la plus grande importance de les diviser, en les menaçant sur plusieurs points à la fois. L’habile diversion exécutée par les ordres du proconsul fut une des causes de la défaite des confédérés.

Toutefois César fit encore des fautes pendant le cours de cette campagne ; car rien ne paraît plus imprudent que d’attaquer les Belges à son arrivée sur la Sambre, avant d’avoir retranché le camp. Il ne suffisait pas non plus de débarrasser les six premières légions du bagage, pour oser les engager sur un terrain étroit, entièrement couvert, où les soldats, attaqués en tête et en flanc, n’avaient aucun moyen de se porter les secours nécessaires, ni de former des lignes de batailles. Il fallait abattre les haies, ouvrir des chemins, soutenir les travailleurs par plus ou moins de troupes ; et, à mesure que le pays se débarrassait des obstacles qui le rendaient presque inaccessible, faire avancer l’armée sur trois colonnes assez rapprochées l’une de l’autre, pour qu’elles fussent en état de se soutenir mutuellement.

Avec ces précautions si naturelles, le proconsul se serait facilement épargné l’embarras d’une situation qu’il regarde comme l’une des plus critiques de sa vie ; et l’on ne doit pas mettre en doute que l’ennemi n’eût respecté ses retranchemens, si au lieu d’envoyer la cavalerie romaine, les archers et les frondeurs au-delà du fleuve, afin de poursuivre une poignée de cavaliers qui ne pouvaient mettre aucun obstacle à l’entier achèvement des ouvrages, César avait fait dégager les bords de la Sambre pour y placer ces mêmes troupes légères soutenues par une légion.

Ces réflexions naissent des faits, et les allégations de César ne les détruisent pas. Mais je passe aux remarques judicieuses de Napoléon.

« César, dans cette campagne, avait huit légions, et outre les auxiliaires attachés à chaque légion[1], il avait un grand nombre de troupes légères des îles Baléares, de Crète et d’Afrique, qui lui formaient une armée très nombreuse. Les trois cent mille hommes que les Belges lui opposèrent étaient composés de nations diverses, sans discipline et sans consistance.

« Les commentateurs ont supposé que la ville de Fisme ou de Laon, était celle que les Belges avaient voulu surprendre avant de se porter sur le camp de César. C’est une erreur ; cette ville est Bièvre ; le camp de César était au-dessus de Pont-à-Vaire ; il était campé, la droite appuyée au coude de l’Aisne, entre Pont-à-Vaire et le village de Chaudarde ; la gauche, à un petit ruisseau ; vis-à-vis de lui étaient les marais qu’on y voit encore. Galba avait sa droite du côté de Craonne, sa gauche au ruisseau de la Mielle, et le marais sur son front. Le camp de César à Pont-à-Vaire se trouvait éloigné de huit mille toises de Bièvre, de quatorze mille de Reims, de vingt-deux mille de Soissons, de seize mille de Laon, ce qui satisfait à toutes les conditions du texte des Commentaires. Les combats sur l’Aisne ont eu lieu au commencement de juillet.

« La bataille sur la Sambre a eu lieu

  1. Du temps de l’ancienne milice, les légions romaines comptaient double, à cause du nombre égal de légions alliées qui les accompagnaient. Cette organisation n’existait plus lors de la guerre des Gaules. Pendant cette seconde campagne la légion de César comptait de cinq à six mille hommes ; pour les huit, c’est environ quarante-cinq mille légionnaires secondés par quatre mille cavaliers, et par un nombre bien plus considérable de troupes légères. Napoléon peut donc dire avec raison que l’armée de César était très nombreuse.