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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/225

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à la fin de juillet, aux environs de Maubeuge.

« La position de Falais remplit les conditions du Commentaire. César dit que la contrevallation qu’il fit établir autour de la ville était de douze pieds de haut, ayant un fossé de dix-huit pieds de profondeur ; cela paraît être une erreur ; il faut dire dix-huit pieds de largeur, car dix-huit pieds de profondeur supposeraient une largeur de six toises ; le fossé était en cul-de-lampe, ce qui donne une excavation de neuf toises cubes. Il est probable que ce retranchement avait un fossé de seize pieds de largeur, sur neuf pieds de profondeur, cubant quatre cent quatre-vingt-six pieds par toise courante ; avec ces déblais il avait élevé une muraille et un parquet dont la crête avait dix huit pieds sur le fond du fossé.

« Il est difficile de faire des observations purement militaires sur un texte aussi bref, et sur des armées de nature aussi différente. Comment comparer une armée de ligne romaine, levée et choisie dans toute l’Italie, et dans les provinces romaines, avec des armées barbares, composées de levées en masse, braves, féroces, mais qui avaient si peu de notions de la guerre, qui ne connaissaient pas l’art de jeter un pont, de construire promptement un retranchement, ni de bâtir une tour, qui étaient tout étonnées de voir des tours s’approcher de leurs remparts ?

« On a cependant avec raison reproché à César de s’être laissé surprendre à la bataille de la Sambre, ayant tant de cavalerie et de troupes légères. Il est vrai que sa cavalerie et ses troupes légères avaient passé la Sambre ; mais du lieu où il était, il s’apercevait qu’elles étaient arrêtées à cent cinquante toises de lui, à la lisière de la forêt ; il devait donc ou tenir une partie de ses troupes sous les armes, ou attendre que ses coureurs eussent traversé la forêt et éclairé le pays. Il se justifie en disant que les bords de la Sambre étaient si escarpés qu’il se croyait en sûreté dans la position où il voulait camper. »

3.

Lorsque César partit pour l’Illyrie, Servius Galba reçut l’ordre de construire un chemin au travers des Hautes-Alpes, afin de rendre plus facile ce passage que les marchands préféraient en se rendant chez les Séquanes et chez les Celtes. On voit que les marchands de Rome se montraient aussi actifs que ses guerriers, bien que cette république ne fût pas une nation commerçante.

Servius Galba, ayant avec lui la 12e légion, alla hiverner parmi les tribus pennines, dans la contrée qu’habitaient les Nantuates, les Veragres et les Sedunes, entre la crête des Alpes et le Rhône. Il exigea des otages et des vivres, laissa deux cohortes en cantonnement chez les Nantuates, et avec le reste de sa légion s’établit dans un bourg des Veragres, nommé par les Romains Octodorus. On croit le reconnaître dans le bourg de Martigny, au pied des montagnes que traversent les voyageurs qui prennent la route du grand Saint-Bernard.

Octodorus, situé vers le milieu d’un vallon peu ouvert et complètement environné de hautes montagnes, était traversé par une rivière qui le divisait en deux parties. Dans l’une, Servius se loge avec sa troupe, et se fortifie suivant la coutume ; l’autre partie demeure aux Gaulois.

On y fut d’abord tranquille ; mais les peuples de la contrée remarquant que les services de la campagne précédente et le détachement laissé chez les Nantuates avaient beaucoup diminué le nombre