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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/283

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qu’une autre rivière, nommée Cinca, borne du côté de l’Aragonais[1]. Il y avait au pied de la colline un vieux pont de pierre sur la Sègre, passage d’une grande importance pour ceux qui en étaient les maîtres ; car les débordemens du fleuve interrompaient souvent la communication avec les pays voisins.

Le poste que les généraux de Pompée prirent pour s’assurer de la ville et du pont, était sur une colline proche de Lérida, dans l’endroit où se trouve aujourd’hui le fort Garden. Ce lieu, très-sûr par son assiette, devint inattaquable au moyen de bons retranchemens.

L’ancienne Ilerda n’occupait que la hauteur sur laquelle est bâtie actuellement la citadelle. La colline qu’on voit à côté et qui forme une partie de la ville, ne présentait alors qu’une bute rase ; elle entrecoupait la plaine qui s’étend vers la montagne où était le camp.

Par cette position, les généraux de Pompée se flattèrent de rester les maîtres des deux rives de la Sègre jusqu’à son confluent à l’Èbre, dans une distance de sept petites lieues ; de conserver la communication avec ce dernier fleuve, et de tenir aussi en respect une partie des villes et des contrées que ces rivières arrosaient.

Ils détachèrent cependant quelques troupes pour occuper les gorges des Pyrénées ; mais, en faisant cette démarche, ils n’eurent d’autre dessein que de retarder l’ennemi sur son passage, afin de gagner le temps nécessaire pour affermir dans leurs intérêts les villes et les peuples, et achever le grand magasin de Lérida.

César, étant informé de ces mouvemens, avait dépêché l’ordre à Q. Fabius de quitter sur-le-champ ses quartiers près de Narbonne, et de marcher en diligence, avec trois légions qu’il avait sous ses ordres, au grand passage du col de Pertnys, connu sous le nom des Trophées de Pompée.

Q. Fabius réussit à s’en saisir après une marche rapide, et l’ennemi, qui arrivait à peine, fut débusqué, presque sans combat, de tous les postes qu’il occupait. Fabius, s’étant ainsi ouvert le passage, marcha, sans s’arrêter vers Lérida ; il fut suivi de près par deux autres légions, qui, au premier signal de la guerre, avaient quitté leur quartier d’hiver en Picardie, pour franchir les Pyrénées ; on y voyait aussi cette légion forte de six mille Gaulois transalpins, dressés et disciplinés à la romaine, et connue sous le nom d’Alauda.

Il avait, en outre, plusieurs corps d’infanterie légère, un surtout choisi parmi les habitans de cette partie des Pyrénées qui appartenait à l’Aquitaine. César le considérait comme très-précieux pour faire la guerre dans les montagnes et combattre les Espagnols que l’ennemi entretenait à sa solde.

Six mille hommes de cavalerie, la plupart Gaulois et Germains, aguerris par huit années de combats, étaient joints à cette infanterie. Le reste se composait d’une foule de gens distingués, représentant l’ordre des chevaliers dans les provinces, et dont plusieurs suivaient la fortune de César par inclination plus que par devoir.

Fabius prit son camp à une distance d’environ une lieue et demie de celui d’Afranius, assez près de la Sègre, et de manière que la petite rivière de la Noguera Ribagorsana lui restait à dos.

  1. Voyez l’Atlas.

18.