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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/333

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glacés, rebelles à la culture ; d’autres déserts couverts d’un sable mouvant, stérile, incapable de recevoir le soc, environnaient les fertiles plaines de la Chine ; et, comme ceux de l’Afrique et de l’Arabie, ces déserts ne convenaient qu’à des nomades ambulans.

Ainsi, le combat des peuples pasteurs et des peuples agriculteurs n’était pas prêt de cesser. Cependant leur destinée allait prendre une direction nouvelle. Les nomades, si long-temps contenus dans leurs déserts, mettaient à profit les fautes des chefs qui gouvernaient les peuples cultivateurs ; ils étaient sur le point de triompher de l’Occident, et même plus tard devaient vaincre l’Orient. Ce fut en effet la mauvaise conduite des empereurs qui causa cette révolution mémorable.

Voici quelles étaient ces nations à demi sauvages, dont on a pu démêler l’origine au travers de la confusion qui régnait alors. Elles erraient le long du Danube et du Rhin, depuis l’Euxin jusqu’à l’Océan, et se composaient des habitans de la Germanie, d’essaims venus des bords de la mer Baltique, ou de hordes échappées de la Tartarie.

Les Barbares sortis de l’Asie couvraient de leurs tentes et de leurs troupeaux les rives de l’Euxin et le cours du Danube ; on des appelait alors les nations scythiques. Elles vivaient en Europe comme elles avaient vécu dans les déserts de la Tartarie, errant sous des chefs, se divisant, se réunissant pour faire des incursions sur des terres voisines ; elles enlevaient l’or, les bestiaux, les femmes. Quelquefois le chef intrépide d’une horde forçait les autres hordes à lui obéir ou à le choisir pour roi.

La plus puissante de ces nations était celle qui venait des climats les plus éloignés. On ignorait son véritable nom. Les Chinois, en le corrompant, avaient appelé ces Barbares Hiong-nou ; les Grecs ou les Romains prononcèrent également mal, et les nommèrent Hounni, Hun-ni ; et nous, pour les défigurer à notre manière, nous en avons fait les Huns. Ce peuple, si long-temps vaincu en Asie, et toujours vainqueur en Europe, avait asservi presque toutes les nations qui erraient au bord de l’Euxin et du Danube.

Chassés par les Huns des bords du Jaïck, jusqu’à la mer Caspienne ; repoussés encore par ce même peuple des rivages de cette mer jusqu’à ceux du Danube, les Alains fournirent long-temps une excellente cavalerie aux empereurs d’Orient et d’Occident. Mais, toujours harcelés par les Huns, les Alains pour la plupart s’étaient mêlées avec eux, et même adoptèrent leur nom.

Les Taifales, sortis de la Tartarie, avaient fui également jusqu’au bord du Danube ; leurs hordes, moins nombreuses, devinrent aussi moins célèbres. Les Taifales furent vaincus encore par les Huns, et se confondirent avec eux.

Les peuples connus sous le nom de Goths étaient descendus des rives septentrionales de la Baltique jusqu’aux embouchures du Danube, après avoir asservi presque toute la Sarmatie et la Germanie : ils avaient cédé à l’ascendant des Huns. Si les Visigoths, au lieu de se soumettre, préféraient de passer dans l’empire romain, les Ostrogoths consentaient à se mêler avec les vainqueurs, et à les fortifier de leurs armes. Ainsi la nation des Huns était alors la nation dominante chez les Barbares.

Les Vandales, qui venaient des rives méridionales de la Baltique, s’établirent le long des Palus-Méotides, et, toujours errans, ne subirent point le