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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/334

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joug des Huns. Les Hérules et les Lombards étaient des hordes de cette nation, qui s’en séparèrent par la suite, comme les Bourguignons l’avaient fait depuis long-temps.

Ce peuple, que l’on regarde aujourd’hui comme issu des Vandales, passait alors pour être né de quelques légions romaines oubliées dans la profondeur des bois de la Germanie par Drusus Nero, ou par Tibère son frère. Orose dit formellement qu’on le croyait ainsi de son temps ; Ammien Marcellin nous apprend encore que ce peuple prétendait sortir de race romaine.

Les Bourguignons montraient du moins plus d’industrie que les autres Barbares ; ils travaillaient mieux le bois et le fer. Ils habitaient au bord du Rhin, depuis la jonction du Mein avec ce fleuve, jusqu’au lieu où est Bâle aujourd’hui.

Le peuple allemand, qui donne son nom à tous les habitans de la Germanie, n’était alors qu’une faible nation mêlée de plusieurs peuples différens. Elle avait d’abord paru au bord du Danube ; mais, au commencement du cinquième siècle, elle passa entre le Rhin et le lac Léman, au midi des pays occupés par les Bourguignons.

Les Suèves, dont Tibère, sous le règne d’Auguste, avait enlevé la plus grande partie qu’il transféra dans les Gaules ; les Suèves, toujours faibles depuis et toujours indépendans, habitaient entre le Rhin et le Danube.

Les Saxons demeuraient au bord de l’Océan, vers les embouchures de l’Elbe et dans les îles voisines ; ils couvraient la mer de leurs barques nombreuses. La faiblesse de l’empire les avait laissé devenir des pirates redoutables à toutes les côtes des îles Britanniques, de la Gaule, et des Espagnes.

Les Francs erraient dans des bois et dans des marais, depuis l’embouchure du Rhin jusqu’au confluent de ce fleuve et du Necker ; ils étaient en quelque sorte tout à la fois les ennemis, les alliés et les sujets de l’empire. Plusieurs traités faits entre eux et les empereurs attestaient l’amitié des deux nations ; mais, toute alliance avec un plus fort que soi mettant d’ordinaire le faible qui la reçoit dans la dépendance du puissant qui l’accorde, les empereurs dominaient chez les Francs.

Soit que les Francs ne fussent qu’une confédération de quelques peuplades de la Germanie ; soit que, venus de l’Orient ou du Nord, ils eussent asservi les hordes qui habitaient au bord du Rhin et du Necker ; il est certain que les auteurs du quatrième et du cinquième siècle comptent au nombre des Francs les Celtes, les Cattes, les Chamaves et les Bructères, que Tacite plaçait parmi les Germains.

La civilisation des Gaules, la grandeur des Romains, les expéditions des corsaires saxons, les incursions de la cavalerie des Alains et des Huns, les propres excursions des Germains, avaient plus augmenté les idées ou altéré les opinions de ces peuples, qu’elles ne changèrent leurs mœurs. On doit les supposer à peu près les mêmes que du temps de Tacite : ce qu’il dit des Germains peut faire connaître les usages des premiers Francs.

Il paraît bien, en lisant Tacite, que les Germains étaient assez semblables à tous les peuples sauvages. On y trouve les mêmes vices ; l’oisiveté, l’ivrognerie, l’usage d’abandonner l’agriculture aux femmes. Ils en différaient par la possession de leurs troupeaux, par l’élection de leurs juges ambulans, par une espèce d’inégalité dans les conditions qui donnait l’étrange privilége