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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/417

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POLYBE, LIV. II.

tions les plus considérables qui ont habité les lieux dont nous avons parlé.




CHAPITRE IV.


Prise de Rome par les Gaulois. — Différentes entreprises de ce peuple contre les Romains.


Tous ces peuples étaient répandus par villages qu’ils ne fermaient point de murailles ; ils ne savaient ce que c’était que des meubles. Leur manière de vie était simple : point d’autre lit que de l’herbe, ni d’autre nourriture que de la viande. La guerre et l’agriculture faisaient toute leur étude ; toute autre science ou art leur était inconnu. Leurs richesses consistaient en or et en troupeaux, les seules choses qu’on peut facilement transporter d’un lieu en un autre à son choix, ou selon les différentes conjonctures. Ils s’appliquaient surtout à s’attacher un grand nombre de personnes, parce qu’on n’était puissant et formidable chez eux qu’en proportion du nombre des cliens dont on disposait à son gré. D’abord ils ne furent pas seulement maîtres du pays, mais encore de plusieurs voisins qui se soumirent par la terreur de leurs armes. Peu de temps après, ayant vaincu les Romains et leurs alliés en bataille rangée, et les ayant mis en fuite, ils les menèrent battant pendant trois jours jusqu’à Rome, dont ils s’emparèrent, à l’exception du Capitole ; mais les Vénètes s’étant jetés sur leur pays, ils s’accommodèrent avec les Romains, leur rendirent leur ville, et coururent au secours de leur patrie. Ils se firent ensuite la guerre les uns aux autres. Leur grande puissance excita aussi la jalousie de quelques-uns des peuples qui habitaient les Alpes. Piqués de se voir si fort au dessous d’eux, ils s’assemblèrent, prirent les armes, et firent souvent des excursions sur leur pays.

Pendant ce temps-là les Romains s’étaient relevés de leurs pertes, et avaient pour la seconde fois composé avec les Latins. Trente ans après la prise de Rome, les Gaulois s’avancèrent jusqu’à Albe avec une grande armée. Les Romains surpris, et n’ayant pas eu le temps de faire venir les troupes de leurs alliés, n’osèrent aller au devant d’eux. Mais douze ans après, les Gaulois étant revenus avec une armée nombreuse, les Romains, qui s’y attendaient, assemblent leurs alliés, s’avancent avec ardeur, et brûlent d’en venir aux mains. Cette fermeté épouvanta les Gaulois, il y eut différens sentimens parmi eux sur ce qu’il y avait à faire ; mais, la nuit venue, ils firent une retraite qui approchait fort d’une fuite. Depuis ce temps-là ils restèrent chez eux, sans remuer, pendant treize ans ; ensuite voyant les Romains croître en puissance et en force, ils conclurent avec eux un traité de paix. Ils se tinrent ainsi en paix pendant environ trente années. Mais, menacés d’une guerre de la part des peuples de delà les Alpes, et craignant d’en être accablés, ils leur envoyèrent tant de présens, et surent si bien faire valoir la liaison qu’il y avait entre eux et les Gaulois d’en deçà les Alpes, qu’il leur firent tomber les armes des mains. Ils leur persuadèrent ensuite de reprendre les armes contre les Romains, et s’engagèrent à courir avec eux tous les risques de cette guerre. Réunis ensemble, ils passent par la Tyrrhénie, gagnent les peuples de ce pays à leur parti, font un riche butin sur les terres des Romains, et en sortent sans que personne fasse mine de les inquiéter. De retour chez eux, une sédition s’élève sur le partage du butin ; c’est à qui aura la meilleure part, et leur avidité leur fait perdre la