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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/43

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vers le temps de Théodose, à la fin du IVe. siècle de notre ère. Mais on ne voit point encore d’étriers. Ni les Grecs, ni les Romains n’en connurent l’usage avant le sixième siècle. On exerçait les jeunes gens à sauter sur le cheval, en tenant à la main leur épée nue ou leur pique. C’est ce que nous apprend Végèce ; il dit encore qu’on a toujours exigé cet exercice non seulement des nouveaux soldats, mais aussi des plus anciens.

Une question intéressante est celle de savoir si les chevaux étaient ferrés. Malgré le silence des médailles et des monumens, Winckelmann croit que cette coutume se pratiquait chez les peuples de l’Asie. Il est vrai que dès la plus haute antiquité, on chaussait le pied des animaux qui faisaient de longues marches. Aristote le dit des chameaux qu’on employait dans les armées. Du temps de Catulle, les mulets avaient le pied couvert et enveloppé d’un sabot de fer. Ce sabot n’était point attaché avec des clous, puisque Catulle dit qu’il pouvait rester dans un bourbier. Les mulets de Néron, chaussés d’argent, ceux de Poppée, chaussés d’or, sont célèbres dans Suétone, dans Pline et dans Xiphilin.

Il serait étonnant que des peuples attentifs à garantir le pied des mulets n’eussent pas eu la même sollicitude pour le cheval. Mais comment, sans cette précaution, aurait-on pu faire exécuter à la cavalerie des marches longues et pénibles ; comment la conduire de Rome aux extrémités de l’Europe, et même jusqu’au Tigre ? On ne peut s’empêcher d’admettre que les pieds des chevaux étaient garnis, non pas, à la vérité, de fers tels que les nôtres, mais d’un sabot qui s’attachait au-dessus de la corne, sabot que les monumens ne font pas distinguer, parce qu’il prenait la forme du pied.

Trois cents cavaliers suffisaient d’abord pour une légion romaine, à quelques exceptions très rares. La cavalerie des alliés avait toujours été double en nombre, et on la nommait ala, parce que les légions formant le centre de l’ordre de bataille, les alliés étaient rangés à droite et à gauche, en sorte qu’ils faisaient les deux ailes de l’armée. Lorsque les alliés se furent confondus avec les Romains, toute la cavalerie prit le nom d’ala, et chaque aile se divisait encore en turmes. Mais les ailes de la cavalerie ayant composé par la suite plus de turmes que la légion n’avait de cohortes, il n’y eut point de rapport entre les unes et les autres, comme il en existait dans la première division légionnaire.

Hygin place dans son camp des ailes de cinq cents, et quelquefois de mille hommes. Dans les cohortes mêlées de cavalerie, celles qu’il appelle milliaires ont sept cent soixante hommes de pied, et deux cent quarante cavaliers divisés en dix turmes, chacune de vingt-quatre hommes. Les cohortes qu’il appelle quingénaires, sont de trois cent quatre-vingts fantassins et de cent vingt cavaliers, elles ont six turmes, chacune de vingt hommes. D’autres nous donnent des turmes de trois cent cinquante chevaux, mettent des tribuns à la tête de ces turmes, et appliquent même le mot turma à un corps d’infanterie, comme celui de cohors a des corps de cavalerie.

Si l’on descend plus bas, on trouve encore plus de variété ; car à mesure que l’État s’affaiblit, on voit se multiplier la cavalerie. Dès le temps de Justinien, cette arme composait presque seule les armées romaines.

Quelle différence entre la forme de ces troupes et celle qui subsistait dans l’ancienne milice, si nette, si exacte par ses divisions, alors que la cavalerie

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