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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/44

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d’une légion y était tellement incorporée, qu’elle en devenait un membre principal, se formant avec elle, et l’accompagnant depuis sa naissance jusqu’à son extinction ! Sur le déclin de l’empire, la confusion qu’on trouve dans les termes militaires répond au désordre qui régnait dans l’État, et l’on a pu dire, avec raison, que rien ne peut être comparé à la difficulté qu’éprouve le lecteur pour comprendre les écrivains de cette époque, si ce n’est l’embarras du général chargé de l’organisation de pareilles troupes.




CHAPITRE V.


Ordres de marche des années romaines. — Ordres de bataille ; préceptes de Végèce ; préceptes de Jomini.


Une armée avec laquelle les anciens consuls marchaient contre l’ennemi, consistait en quatre légions, dont deux composées de citoyens, et les deux autres d’alliés. On joignait à cette infanterie un corps de dix-huit cents cavaliers ; mais les Romains n’en formaient que le tiers, trois cents pour chacune de leurs légions.

Ces légions, du temps de Polybe, comptaient quatre mille deux cents hommes, et furent souvent portées à cinq ou six mille, selon les circonstances. Les consuls, avec ces armées de quatre légions, ont entrepris les guerres les plus importantes, et vaincu des nations supérieures aux Romains en population et en richesses. Le sénat augmentait toutefois le nombre des légions quand les intérêts de la république l’exigeaient, et surtout lorsqu’elle se trouva attaquée en différents endroits par des ennemis puissans et aguerris. C’est ainsi que, dans les premiers temps de la république, on en vit paraître jusqu’à dix pour s’opposer aux Latins et aux Volsques ; et plus tard, pendant les guerres puniques, on compta sur pied dix-neuf, vingt, et même vingt-trois légions.

Tous ces corps se distinguèrent entre eux par les nombres cardinaux qu’ils reçurent à l’époque de leur création. Il y eut la première, la seconde, la troisième légion, et jusqu’à la vingt-troisième.

Quand on licenciait ces corps après la guerre, les enseignes sous lesquelles ils avaient combattu, étaient rapportées au temple de Saturne ou à l’ærarium, et on ne les en tirait qu’en levant des légions nouvelles. Celle qui était appelée la première, recevait l’aigle consacrée à la première légion ; la seconde, prenait l’aigle qui jadis avait servi à celle que l’on nommait la seconde, et ainsi des autres. On ne s’écarta de ces anciens usages que pendant les guerres civiles, alors que les chefs de parti levaient des troupes à la hâte, sans l’autorité du sénat.

Les armées grecques étaient très faciles à remuer. Comme ces peuples ne combattaient que sur une seule ligne, dans la marche, la profondeur des files permettait à la colonne de ne pas tenir plus d’étendue qu’en ordre de bataille. La cavalerie s’avançait à la tête ; la phalange venait ensuite, rompue par sections plus ou moins fortes, selon le terrain ; les bagages prenaient la queue, couverts par une arrière-garde de cavalerie. C’était l’inverse que l’on suivait en se retirant. L’infanterie légère, qui se portait, selon le besoin, à la tête, à la queue ou sur les flancs, n’allongeait pas la colonne de route.

Dans une marche parallèle à l’ennemi, la phalange ne se rompait point ; elle s’avançait par l’aile, et l’armée n’avait à faire qu’un à-droite ou un à-gauche pour se mettre en bataille ; les