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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/461

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POLYBE, LIV. III.

cinq jours. Pour ce qui regarde Carthage, tout le pays qui est en deçà du beau promontoire d’Afrique, la Sardaigne et la Sicile, dont les Carthaginois sont les maîtres, il est permis aux marchands romains d’aller dans tous ces pays, et on leur promet, sous la foi publique, que partout on leur fera bonne justice. Au reste, dans ce traité on parle autrement de la Sardaigne et de l’Afrique que de la Sicile, car on parle des deux premières comme en étant les maîtres ; mais à l’égard de la Sicile on distingue, les conventions ne tombant que sur ces parties de la Sicile qui obéissent aux Carthaginois. De la part des Romains, les conventions qui regardent le pays latin sont conçues de la même manière. Ils ne font point mention du reste de l’Italie, parce qu’il ne leur était pas soumis.

Il y eut encore depuis un autre traité, dans lequel les Carthaginois comprirent les Tyriens et les Uticéens, et où l’on ajoute au beau promontoire Mastie et Tarséion, au-delà desquels on défend aux Romains de piller et de bâtir une ville. Mais rapportons les termes du traité :

« Entre les Romains et leurs alliés, et entre les Carthaginois, les Tyriens, les Uticéens et les alliés de tous ces peuples, il y aura alliance à ces conditions : que les Romains ne pilleront, ni ne trafiqueront, ni ne bâtiront de ville au-delà du beau promontoire, de Mastie et de Tarséion : que si les Carthaginois prennent dans le pays latin quelque ville qui ne soit pas de la domination romaine, ils garderont pour eux l’argent et les prisonniers, et remettront la ville aux Romains ; que si les Carthaginois prennent quelque homme faisant partie des peuples qui sont en paix avec les Romains par un traité écrit, sans pourtant leur être soumis, ils ne le feront pas entrer dans les ports des Romains ; que s’il y entre et qu’il soit pris par un Romain, on lui donnera liberté de se retirer ; que cette condition sera aussi observée du côté des Romains ; que si ceux-ci prennent dans un pays qui appartient aux Carthaginois de l’eau ou des fourrages, ils ne s’en serviront pas pour faire tort à aucun de ceux qui ont paix et alliance avec les Carthaginois..... Que si cela ne s’observe pas, il ne sera pas permis de se faire justice à soi-même ; que si quelqu’un le fait, cela sera regardé comme un crime public ; que les Romains ne trafiqueront pas ni ne bâtiront pas de ville dans la Sardaigne ni dans l’Afrique ; qu’il ne leur sera permis d’y aller que pour prendre des vivres ou pour radouber leurs vaisseaux ; que s’ils y sont portés par la tempête, ils ne pourront y rester que cinq jours ; que dans la partie de la Sicile qui obéit aux Carthaginois et à Carthage, un Romain aura pour son commerce et ses actions la même liberté qu’un citoyen ; qu’un Carthaginois aura le même droit à Rome. »

On voit encore dans ce traité que les Carthaginois parlent de l’Afrique et de la Sardaigne comme de deux pays qui leur sont soumis, et qu’ils ôtent aux Romains tout prétexte d’y mettre le pied ; qu’au contraire, en parlant de la partie de la Sicile, ils désignent la partie qui leur obéit. Les Romains font la même chose à l’égard du pays latin, en défendant aux Carthaginois de toucher aux Antiates, aux Ardéates, aux Circéens et Terraciniens, qui sont les peuples du pays latin qui occupent les villes maritimes.

Au temps de la descente de Pyrrhus, avant que les Carthaginois pensassent