Aller au contenu

Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/517

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
509
POLYBE, LIV. IV.

courage du peuple ; il pourvut à la sûreté de la ville ; il délibéra dans la conjoncture présente avec courage et avec fermeté ; la suite le fit bien connaître. Quoique alors il fût notoire que les Romains étaient vaincus et obligés de renoncer à la gloire des armées, cependant la forme même du gouvernement, et les sages conseils du sénat, non-seulement les ont remis en possession de l’Italie par la défaite des Carthaginois, mais leur ont encore en peu de temps assujetti toute la terre. C’est pourquoi, lorsqu’après avoir rapporté dans ce livre-ci toutes les guerres qui se sont faites en Espagne et en Italie pendant la cent quarantième olympiade, et dans le suivant tout ce qui s’est passé en Grèce pendant cette même olympiade, nous serons arrivés à notre époque, nous ferons alors un livre particulier sur la forme du gouvernement romain : c’est un devoir dont je ne puis me dispenser sans ôter à l’histoire une des parties qui lui convient le plus ; mais j’y suis encore porté par l’utilité qu’en tireront les personnes constituées en autorité, ou pour réformer des états déjà établis, ou pour en établir de nouveaux.




LIVRE QUATRIÈME.

CHAPITRE PREMIER.


Récapitulation du livre précédent. — Guerre de Philippe contre les Étoliens et les Lacédémoniens. — Raisons de cette guerre.


Nous avons fait voir, dans le livre précédent, pour quels sujets s’était une seconde fois allumée la guerre entre les Romains et les Carthaginois ; comment Annibal était entré en Italie, les batailles qui se sont livrées entre ces deux peuples, et entre autres celle que les Romains perdirent près de la ville de Cannes et sur les bords de l’Aufide. Venons maintenant à ce qui s’est fait dans la Grèce pendant le même espace de temps, c’est‑à‑dire pendant la cent quarantième olympiade ; mais auparavant nous rappellerons en peu de mots au souvenir de nos lecteurs, ce que nous en avons déjà dit par avance dans le second livre, et surtout ce que nous y avons remarqué des Achéens, parce que cet état a fait du temps de nos pères et de notre temps même des progrès inconcevables.

Commençant donc par Tisamène, un des enfans d’Oreste, nous avons dit que ce que peuple avait été gouverné par des rois de cette famille jusqu’à Ogygès ; qu’ensuite il s’était mis en république, et qu’il s’était fait des lois qu’on ne pouvait trop estimer ; qu’aussitôt après cet établissement il avait été dispersé en villes et en bourgades par les rois de Lacédémone, et qu’il s’était réuni une seconde fois et avait repris le gouvernement républicain. Nous avons rapporté ensuite quelles mesures il avait prises pour inspirer le même dessein aux autres villes, et pour réunir tous les peuples du Péloponnèse sous un même nom et sous un seul gouvernement. Après avoir parlé de ce projet en général, nous avons rapporté en peu de mots les faits particuliers, en suivant l’ordre des temps, jusqu’à celui où Cléomène, roi