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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/555

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POLYBE, LIV. IV.

ple même. On ne connaît chez les Étoliens ni les lois de la guerre, ni celles de la paix. Tout ce qui leur vient en pensée, ils l’exécutent sans aucun égard, ni pour le droit des gens, ni pour les lois particulières. Après cette belle expédition, Dorimaque retourna en Étolie.

L’hiver durait encore, et personne dans une saison si fâcheuse, ne s’attendait à voir Philippe en campagne, lorsque ce prince partit de Larisse avec une armée composée de trois mille Chalcaspides, ainsi nommés du bouclier d’airain qu’ils portent ; de deux mille fantassins à rondache, de trois cents Crétois, et de quatre cents chevaux de sa suite. Il passa de la Thessalie dans l’Eubée, de là à Cyne, puis, traversant la Béotie et les terres de Mégare, il arriva à Corinthe sur la fin de l’hiver. Sa marche fut si prompte et si secrète, que les Péloponnésiens n’en eurent aucun soupçon. À Corinthe, il fit fermer les portes, mit des sentinelles sur les chemins, fit venir de Sicyone le vieux Aratus, et écrivit au préteur et aux villes d’Achaïe, pour leur faire savoir quand et où il fallait que les troupes se trouvassent sous les armes. Il partit ensuite, et alla camper dans le pays des Phliasiens, proche Dioscore.

En même temps Euripidas, avec deux cohortes d’Eléens, des pirates et des étrangers, au nombre d’environ douze cents hommes et cent chevaux, partit de Psophis et passa par Phénice et Stymphale, sans rien savoir de ce que Philippe avait fait. Son dessein était de piller le pays des Sicyoniens, et il devait en effet y entrer, parce que, la nuit même que le roi avait mis son camp proche Dioscore, Euripidas avait passé outre. Heureusement quelques Crétois de l’armée de Philippe, qui avaient quitté leur rangs et couraient de côté et d’autre pour fourrager, tombèrent sur sa route. Il reconnut d’abord qu’il était parmi les ennemis ; mais, sans rien dire de ce qui se passait, il fit faire volte‑face à ses troupes et, reprenant le chemin par lequel il était venu, il voulait et espérait même prévenir les Macédoniens, et s’emparer des défilés qui se rencontrent au‑delà des Stymphaliens. Le roi ne savait rien de tout cela. Suivant son projet, il lève son camp le matin, dans le dessein de passer proche Stymphale, pour aller à Caphyes, où il avait mandé que serait le rendez‑vous des troupes.

Quand la première ligne des Macédoniens fut arrivée à la hauteur d’où le mont Apelaure commence à s’élever, et qui n’est éloigné de Stymphale que de dix stades, il trouva que la première ligne des Éléens y arrivait en même temps. Sur l’avis qu’Euripidas en reçut, suivi de cavaliers, il se déroba au péril qui le menaçait, et par des chemins détournés s’enfuit à Psophis. Le gros des Éléens étonné de se voir sans chef, fit halte, sans savoir bien ni que faire ni de quel côté se tourner. Leurs officiers croyaient d’abord que c’étaient quelques Achéens qui étaient venus à leur secours. Les Chalcaspides leur firent venir cette pensée, parce que les Mégalopolitains s’étaient servis de boucliers d’airain dans la bataille contre Cléomène, sorte d’armes que le roi Antigonus leur avait fait prendre. Trompés par ce rapport d’armes, ils se tranquillisaient et s’approchaient toujours des collines voisines ; mais quand les Macédoniens furent plus près, les Éléens virent alors le danger où ils étaient ; ils jetèrent aussitôt leurs armes et s’enfuirent en déroute. On en fit douze cents prisonniers, le reste périt, partie par l’épée des Macédoniens,

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