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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/57

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le lieu et les circonstances les plus favorables, ou de se renfermer dans des camps de très peu d’étendue, et d’y subsister long-temps.

Chez les Romains surtout, dont les camps réunissaient tellement les avantages d’une ville bien située et bien fortifiée, que l’on a pu dire que le soldat sous la tente jouissait de la paix au milieu de la guerre. La castramétation de ces maîtres de l’art, la plus perfectionnée de toute l’antiquité, est la seule qui repose sur des principes. Ils avaient adopté la forme carrée, parce qu’ils regardaient avec raison cette figure comme la plus parfaite pour l’établissement, de l’ordre et de la régularité. Dès que l’armée approchait du lieu où elle devait camper, un tribun et quelques centurions prenaient les devans. Ils choisissaient l’endroit le plus élevé et le plus commode pour le prétoire, c’est-à-dire le pavillon du consul, plantaient là un drapeau, en plaçaient d’autres d’une couleur différente aux principaux angles du camp, et marquaient seulement par des javelots les divisions plus petites.

Cette opération se faisait d’une manière uniforme, les mesures en étant invariablement prescrites, ce qui n’offrait pas un médiocre avantage ; car le premier camp occupé par le soldat étant une fois bien connu, ainsi que l’ordre qu’on y avait établi, les autres ne lui représentaient plus rien de nouveau ; c’était le même camp transporté dans un autre lieu.

Autour du drapeau qui marquait le prétoire, on mesurait un espace carré dont chaque côté avait deux cents pieds romains ; et à cent pieds de là, du côté du carré vers lequel devaient camper les légions, on traçait une parallèle pour indiquer le front des tentes des tribuns et des préfets des alliés.

Ces tentes étaient réparties derrière leurs légions respectives, les tribuns au centre, les alliés aux ailes ; on leur donnait un espace de cinquante pieds en profondeur afin de placer les chevaux et les bagages. Elles faisaient face aux légions, et devant leur front, on mesurait une grande rue, au delà de laquelle on traçait une parallèle pour les tentes des légions.

On la divisait en deux parties par une perpendiculaire abaissée du point où était le drapeau, et on indiquait d’abord de chaque côté un intervalle de vingt-cinq pieds pour séparer les légions romaines. Au-delà de cet espace, on marquait la cavalerie de ces deux légions : elle occupait cent pieds de chaque côté. Les triaires étaient placés derrière, de sorte que l’emplacement de chaque manipule répondait à celui de chaque turme.

Le tracé se prenait en général de même pour l’infanterie et pour la cavalerie. L’espace occupé par le manipule était égal à celui de la turme, et de figure carrée. Pour les triaires, on le faisait moins large que long, parce qu’ils comptaient à peu près moitié moins de soldats que les princes et les hastaires. Et comme le nombre d’hommes, dans ces deux dernières espèces d’armes, devenait souvent inégal, on diminuait ou l’on augmentait la largeur de l’emplacement selon les circonstances, mais en conservant la même longueur. Les tentes des triaires se trouvaient adossées à celles de la cavalerie ; elles se touchaient par leur partie postérieure, et l’entrée des unes était tournée du côté opposé à celui que regardait la porte des autres.

À cinquante pieds de distance, on plaçait, en sens opposé, les tentes des princes qui formaient ainsi deux nouvelles rues, en s’étendant depuis l’espace de cent pieds, laissé devant les

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