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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/633

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POLYBE, LIV. VI.

sion aux ordres des consuls, parce que tous en général et chacun en particulier doivent en campagne tomber sous leur puissance.

Chaque corps de l’état peut donc ainsi nuire ou être utile à l’autre, et de là il arrive qu’agissant tous de concert, ils sont inébranlables ; et c’est ce qui donne à la république romaine un avantage infini sur toutes les autres. Qu’une guerre étrangère la menace et la presse jusqu’à obliger les trois corps de l’état à concourir ensemble à son salut et à s’aider mutuellement, cette union lui donne tant de force, qu’aucune mesure utile n’est négligée. Tous les citoyens alors mettent leurs pensées en commun. Rien qui ne se fasse à temps et à point nommé, parce que tous en général et chacun en particulier font leurs efforts pour exécuter ce qui a été résolu. C’est pour cela que cette république est invincible, et qu’elle vient à bout de tout ce qu’elle entreprend. Mais quand les Romains, délivrés des guerres étrangères et jouissant tranquillement de leur fortune prospère et de l’heureuse abondance que leurs conquêtes leur ont procurées, abusent de leur bonheur et en deviennent insolens, comme il arrive d’ordinaire, c’est alors qu’on voit cette république tirer de sa constitution même le remède à ses maux. Car, aussitôt qu’une partie, s’élevant orgueilleusement au-dessus des autres, veut s’arroger plus de pouvoir et d’autorité qu’elle n’en doit avoir, comme elle ne peut suffire à elle-même, et que toutes peuvent réciproquement s’opposer aux volontés les unes des autres, il faut qu’elle se contienne dans les bornes prescrites et demeure dans l’égalité, retenue qu’elle est d’un côté par la résistance des autres parties, et de l’autre par la crainte qu’elle a toujours qu’on ne vienne l’attaquer. Ainsi tout dans cette république se conserve toujours dans le même état. (Dom Thuillier.)


V.


Milice romaine.


Après l’élection des consuls, on choisit des tribuns militaires. On en tire quatorze des citoyens qui ont servi cinq ans, et dix de ceux qui ont fait dix campagnes : car il n’y a pas de citoyens qui, jusqu’à l’âge de quarante-six ans ne soit obligé de porter les armes, ou dix ans dans la cavalerie, ou seize dans l’infanterie. On n’en excepte que ceux dont le bien ne passe pas quatre cents drachmes : ceux-ci, on les réserve pour la marine. Cependant, quand la nécessité le demande, les citoyens qui servent dans l’infanterie sont retenus sous les drapeaux pendant vingt ans. Personne ne peut être élevé à aucun degré de magistrature, qu’il n’ait été dix ans au service.

Quand on doit faire une levée de soldats, ce qui se fait tous les ans, les consuls avertissent auparavant le peuple du jour où doivent s’assembler tous les Romains en âge de porter les armes. Le jour venu et tous ces citoyens se trouvant à l’assemblée dans le Capitole, les plus jeunes des tribuns militaires, dans l’ordre qui est indiqué à chacun, soit par le peuple, soit par le général, les partagent en quatre sections, parce que l’armée, chez les Romains, est composée de quatre légions. Les quatre premiers tribuns nommés sont pour la première légion, les trois suivans pour la seconde, quatre autres pour la troisième, les trois derniers pour la quatrième. Des plus anciens, les deux premiers entrent dans la première légion, les trois suivans dans la seconde, les deux qui viennent après, dans la troisième, et les trois derniers dans la quatrième.

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