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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/659

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POLYBE, LIV. VII.

qui écrivent des histoires particulières, n’ayant à traiter que des sujets courts et resserrés dans d’étroites limites, sont, je le crois, forcés, par la disette de faits qui les accable, d’exagérer des choses de peu d’importance, et de faire de longs récits d’autres faits qui ne méritaient pas même d’être mentionnés. D’autres historiens tombent aussi dans le même défaut par manque de jugement. Combien, avec plus de justesse et d’éloquence, n’aurait-on pas pu écrire plutôt sur Hiéron et Gélon, en passant sous silence Hiéronyme, de ces réflexions que l’on ajoute comme complément au récit historique pour remplir les livres ? Ce sujet aurait été bien plus agréable et plus utile aux hommes avides de lire et de s’instruire.

En effet, Hiéron parvint d’abord à régner sur les Syracusains et leurs alliés par son propre mérite ; car la fortune ne lui avait donné ni la richesse, ni un nom illustre, ni aucun autre bien. En outre, son plus grand titre à notre admiration, c’est qu’il devint roi des Syracusains par la force seule de son génie, sans mettre à mort aucun citoyen, sans en envoyer aucun en exil et sans faire de tort à personne.

Une chose non moins admirable, c’est que non-seulement il acquit ainsi le trône, mais que ce fut encore par les mêmes moyens qu’il le conserva. Pendant cinquante-quatre ans que dura son règne, il procura à sa patrie une paix constante, et à lui une existence exempte de toute crainte de conspirations, et parvint même à échapper à l’envie qui s’attache ordinairement à tout ce qui est grand et noble. Souvent il voulut abdiquer le pouvoir, mais il en fut toujours empêché par tous les citoyens en masse. Comme il se montrait très-libéral envers les Grecs, et très-avide de s’acquérir de la gloire chez eux, il obtint ainsi pour lui une grande célébrité et pour les Syracusains un grand sentiment de bienveillance de la part de tous. Enfin, vivant au milieu de toutes les délices que procure l’abondance de tous les biens et des richesses immenses, il prolongea cependant son existence au-delà de quatre-vingt-dix ans, et conserva tous ses sens et tous ses membres sains et valides ; ce qui, à mon avis, est la preuve la plus certaine de tempérance.


Quant à Gélon, pendant tout le cours de sa vie, qui fut de plus de cinquante ans, il se proposa, comme le but le plus noble qu’il put atteindre, d’imiter son père, et de ne pas faire plus de cas des richesses, de la majesté royale, ni d’aucun autre bien, que de la tendresse et de la confiance que l’on doit aux auteurs de ses jours. (Vertus et vices.) Dom Thuillier.


III.


Traité de paix conclu entre Annibal et Philippe, roi de Macédoine.


Traité qu’Annibal, général, Magon, Myrcal, Barmocal, tous les sénateurs de Carthage, tous les Carthaginois qui servaient sous lui, ont fait avec Xénophanès l’Athénien, fils de Cléomaque, lequel nous a été envoyé en qualité d’ambassadeur par le roi Philippe, fils de Démétrius, tant en son nom qu’au nom des Macédoniens et des alliés.

En présence de Jupiter, de Junon et d’Apollon ; en présence de la déesse des Carthaginois, d’Hercule et d’Iolaüs ; en présence de Mars, de Triton et de Neptune ; en présence de tous les dieux protecteurs de notre expédition, du soleil, de la lune et de la terre ; en présence des fleuves, des prés et des eaux ; en présence de tous les dieux que Carthage