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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/660

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POLYBE, LIV. VII.

reconnaît pour ses maîtres ; en présence de tous les dieux qui sont honorés dans la Macédoine et dans tout le reste de la Grèce ; en présence de tous les dieux qui président à la guerre et qui sont présens à ce traité, Annibal, général, et, avec lui, tous les sénateurs de Carthage et tous ses soldats, ont dit :

« Afin que désormais nous vivions ensemble comme amis et comme frères, soit fait, sous votre bon plaisir et le nôtre, ce traité de paix et d’alliance, à condition que le roi Philippe, les Macédoniens, et tout ce qu’ils ont d’alliés parmi les autres Grecs, conserveront et défendront les Carthaginois, Annibal leur général, les soldats qu’il commande, les gouverneurs des provinces dépendantes de Carthage, Utique, et toutes les villes et nations qui lui sont soumises, les soldats, les alliés et toutes les villes et nations qui nous sont unies dans l’Italie, la Gaule, la Ligurie, et quiconque, dans cette province, fera alliance avec nous. D’un autre côté, les troupes de Carthage, Utique, toutes les villes qui sont soumises à Carthage, les alliés, les soldats, toutes les villes et nations d’Italie, de la Gaule et de la Ligurie, et les autres alliés que nous avons et que nous pourrons avoir dans ces provinces d’Italie, s’engagent à conserver et à défendre le roi Philippe, les Macédoniens et tous leurs alliés d’entre les autres Grecs. Il est donc convenu que nous ne chercherons point à nous surprendre les uns les autres, et que nous ne nous tendrons pas de piéges ; que, sans délai, sans fraude ni embûches, nous, Macédoniens, etc., nous nous déclarerons les ennemis des ennemis des Carthaginois, excepté des rois, des villes et des ports avec lesquels nous sommes liés par des traités de paix et d’alliance ; que nous, Carthaginois, etc., nous serons ennemis de ceux qui feront la guerre au roi Philippe, excepté des rois, des villes et des nations qui nous seront unis par des traités ; que vous participerez, vous, Macédoniens, à la guerre que nous faisons contre les Romains, jusqu’à ce qu’il plaise aux dieux de donner à nos armes un heureux succès ; que vous nous fournirez ce qui nous sera nécessaire, et que vous serez fidèles à ce dont nous serons convenus. Si les dieux nous refusent leur protection contre les Romains et leurs alliés, et que nous traitions de paix avec eux, nous stipulerons de telle sorte que vous soyez compris dans le traité, et à des conditions telles qu’il ne leur sera pas permis de vous déclarer la guerre, qu’ils ne seront maîtres ni des Corcyréens, ni des Apolloniates, ni des Épidamniens, ni de Phare, ni de Dimalle, ni des Parthins, ni de l’Atintanie ; et qu’ils rendront à Demetrius de Pharos ses parens, qu’ils retiennent dans leurs états. Si les Romains vous déclarent la guerre ou à nous, selon le besoin, nous nous secourrons les uns les autres, et nous ferons la même chose si quelque autre nous fait la guerre, excepté à l’égard des rois, des villes et des nations dont nous serons amis et alliés. Si nous jugeons à propos de retrancher ou d’ajouter quelque clause à ce traité, nous ne le ferons que du consentement des deux parties. » (Dom Thuillier.)



Philippe à Messène.


Après que la démocratie eut triomphé chez les Messéniens, et que les hommes les plus illustres eurent été envoyés en exil, tandis que ceux à qui l’on avait distribué leurs biens par la voie du sort étaient à la tête des affaires dans la ville, les anciens citoyens qui