Aller au contenu

Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/781

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
773
POLYBE, LIV. XII.

personne que par nécessité et par ordre, et que, volontairement, il n’avait jamais porté à personne aucun préjudice ; en troisième lieu, que Jupiter, dans Homère, ne peut souffrir le dieu Mars. — De tous les dieux, lui dit-il, qui habitent le haut de l’Olympe, vous êtes celui que je hais le plus, parce que vous ne respirez que querelles, que guerres et que batailles. — Que dans le même poète, le plus sage des héros dit que — qui aime la guerre et se plaît dans ses désordres, n’a ni famille, ni amour de la justice, ni foyer. — Qu’Euripide s’accorde en cela avec Homère, puisqu’il s’écrie : — Ô paix, mère des richesses, la plus aimable des divinités, que je vous désire avec ardeur ! que vous tardez à venir ! que je crains que la vieillesse ne me surprenne avant que je puisse voir ce temps heureux où tout retentira de nos chansons, et où, couronnés de fleurs, nous célébrerons des festins ! — Il faut encore comparer la guerre à la maladie, et la paix à la santé. Pendant la paix, ceux qui sont malades se rétablissent ; pendant la guerre, ceux qui sont sains périssent. Dans la paix, les vieillards sont ensevelis par les jeunes gens ; dans la guerre, les jeunes gens le sont par les vieillards. Mais le principal motif que l’on rapporte, c’est que dans la guerre on n’est pas en sûreté dans ses propres murailles, au lieu que dans la paix, les extrémités même du pays jouissent d’une sécurité parfaite.


..... Je serais fort embarrassé de dire quelles puérilités de plus on pourrait faire entrer dans une amplification d’école, ou bien dans un travail où l’on voudrait offrir une argumentation tirée des personnes présentes, tant les paroles que Timée attribue à Hermocrate paraissent avoir servi à un autre usage que celui auquel elles sont destinées. (Ibid.)


Voici encore un discours de Timée. Dans le même livre, Timoléon exhorte les Grecs à livrer bataille aux Carthaginois, et lorsqu’ils n’ont plus qu’à en venir aux mains, il les engage à ne point voir le nombre de leurs ennemis, mais leur lâcheté. Car, dit-il, quoique l’Afrique soit partout peuplée de nombreux habitans, cependant, toutes les fois que nous voulons désigner proverbialement un lieu désert, nous disons qu’il est plus désert que l’Afrique ; et ce n’est pas à la solitude des lieux que s’appliquent ces paroles, mais au défaut de courage du peu d’hommes qui s’y rencontrent. En un mot, ajoute-t-il, comment craindre ces hommes, qui méconnaissant le don précieux que la nature leur a fait en propre au-dessus des autres animaux, c’est-à-dire les mains, les cachent toute leur vie sous leur tunique ; et ce qui est bien pire, portent sous cette tunique une sorte de braies, pour ne point être exposés aux regards de leurs ennemis, après qu’ils sont tombés dans le combat. (Ibid.)


Lorsque Gélon promettait de secourir les Grecs avec vingt mille hommes d’infanterie et deux cents gros vaisseaux, pourvu qu’on lui attribuât le commandement en chef sur terre et sur mer, on rapporte que les principaux des Grecs, réunis alors à Corinthe, firent preuve d’une grande habileté en répondant à ses envoyés, — qu’ils engageaient Gélon à venir comme auxiliaire avec ses forces ; mais que le commandement en chef serait déféré, d’après le résultat même des événemens, à ceux qui