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POLYBE, LIV. XIII.

ruine entière d’un si puissant royaume. (Dom Thuillier.)


Mais les Prytacéens qui déjà tenaient Philippe comme suspect à cause de la perfidie avec laquelle il s’était conduit avec les Crétois, soupçonnèrent aussi que c’était pour machiner quelque perfidie qu’Héraclide leur avait été envoyé par lui. (Suidas in Πρυτανεῖς.) Schweigh.


Celui-ci étant entré rappela toutes les raisons qui avaient déterminé Philippe à prendre la fuite. (Suidas in ἀπελογίς.) Schweigh.

..... Leur disant : que Philippe préférait tout souffrir plutôt que de révéler en cela ses desseins aux Rhodiens. Ce discours fit tomber tous les soupçons qu’on avait sur Héraclide. (Suidas in Ἀναδέξαθαι et Ἀπελύσε.) Schweigh.


Force de la vérité.


Je suis persuadé que la plus grande déesse qu’il y ait parmi les hommes, celle qui a le plus de force et de pouvoir, c’est la vérité. On a beau, de tous côtés, s’élever contre elle, en vain toutes les probabilités semblent favoriser le mensonge, elle s’insinue et entre par elle-même, je ne sais comment, dans l’âme. Quelquefois elle fait éclater d’abord sa puissance ; il arrive aussi quelquefois qu’elle demeure long-temps obscurcie et comme étouffée sous les ténèbres ; mais enfin elle reprend le dessus par ses propres forces et triomphe glorieusement de son ennemi. (Dom Thuillier.)


Damoclès était un ministre habile et fort versé dans les affaires. Il fut envoyé avec Pythéon pour observer les conseils des Romains. (Excerpta Vales.) Schweigh.


III.


Cruauté inouïe de Nabis, tyran de Lacédémone.


Depuis la défaite des Lacédémoniens par Machanidas, Nabis, tyran de ce peuple, dominait depuis trois ans dans Sparte, sans oser rien entreprendre de considérable. Il ne s’occupait qu’à jeter les fondements solides d’une longue et insupportable tyrannie. Pour cela il s’attacha à perdre tout ce qui était resté dans cette république. Il en chassa les hommes les plus distingués en richesses et en naissance, et il abandonna leurs biens et leurs femmes aux principaux de son parti et aux étrangers qui étaient à sa solde, tous assassins, et capables de toutes sortes de violences pour enlever le bien d’autrui. Cette espèce de gens, que leur scélératesse avait fait chasser de leur patrie, s’assemblaient de tous les coins du monde auprès du tyran, qui vivait au milieu d’eux comme leur protecteur et leur roi, en faisant d’eux ses satellites et sa garde, et fondant sur eux une réputation d’impiété et une puissance qui fût inébranlable. Il ne se contenta point de reléguer les citoyens, il fit en sorte que, même hors de leur patrie, ils ne trouvassent aucun lieu sûr, aucune retraite assurée. Les uns étaient massacrés dans les chemins par ses émissaires ; il ne rappelait les autres d’exil que pour les faire mourir. Enfin, dans les villes où quelques-uns d’eux demeuraient, il faisait louer des maisons voisines des leurs par des personnes non suspectes, et y envoyait des Crétois qui, par les ouvertures qu’ils faisaient aux murs et par les fenêtres, les perçaient de traits, soit qu’ils fussent debout ou couchés ; il n’y avait ni lieu ni temps où les pauvres Lacédémoniens