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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/789

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POLYBE, LIV. XIII.

fussent en sûreté, et la plupart d’entre eux périrent misérablement.

Outre cela, il inventa une machine, si on peut l’appeler de ce nom, qui représentait une femme revêtue d’habits magnifiques, et qui ressemblait tout-à-fait à la sienne. Toutes les fois qu’il faisait venir quelqu’un pour en tirer de l’argent, d’abord il lui parlait avec beaucoup de douceur et d’honnêteté du péril dont le pays et Sparte étaient menacés par les Achéens, du nombre des étrangers qu’il était obligé d’entretenir pour la sûreté de l’état, des dépenses qu’il faisait pour le culte des dieux et pour le bien commun. Si on se laissait toucher par ces discours, il n’allait pas plus loin, c’était tout ce qu’il se proposait. Mais, quand quelqu’un refusait de se rendre et se défendait de donner, il disait ; « Peut-être n’ai-je pas le talent de vous persuader, mais je pense qu’Apéga vous persuadera. » Apéga était le nom de sa femme. À peine avait-il fini ces paroles, que la machine paraissait. Nabis, la prenant par la main, la levait de sa chaise, puis passait à son homme, l’embrassait, le serrait entre ses bras et l’amenait bientôt contre la poitrine de la statue, dont les bras, les mains et le sein étaient hérissés de gros clous cachés sous ses habits ; lui appuyant ensuite les mains sur le dos de la femme, et l’attirant par je ne sais quels ressorts, il le serrait contre le sein de la prétendue Apéga, et l’obligeait par ce supplice de dire tout ce qu’il voulait. Il fit périr de cette manière une grande quantité de ceux dont il n’avait pu extorquer autrement ce qu’il demandait. (Dom Thuillier.)

Toutes ses autres actions répondirent à celles que nous venons de rapporter, et il ne se démentit jamais. Il avait sa part dans les pirateries qu’exerçaient les Crétois. Dans tout le Péloponnèse, il répandait des scélérats dont les uns pillaient les temples, les autres volaient sur les grandes routes, d’autres assassinaient, et, après avoir partagé le butin avec eux, il leur donnait dans Sparte un lieu de refuge pour les mettre en sûreté. Vers ce temps-là quelques Béotiens, étant venus à Lacédémone, gagnèrent tellement l’amitié d’un des écuyers de ce tyran, qu’ils l’engagèrent à faire voyage avec eux. Il prit, en effet, un beau cheval blanc, le plus beau qu’il y eût dans les écuries de son maître. À peine furent-ils arrivés à Mégalopolis, que des satellites envoyés par le tyran se jettent sur eux, emmènent le cheval et l’écuyer, et insultent ceux qu’il accompagnait. D’abord les Béotiens demandent qu’on les conduise au magistrat ; sur le refus qu’on leur en fait, un d’entre eux se met à crier : Au secours ! au secours ! Les habitans s’assemblent et se mettent en devoir de mener les voyageurs aux magistrats. Ce tribunal effraya les satellites de Nabis qui lâchèrent leur proie et se retirèrent. Le tyran, qui cherchait quelque prétexte de courir sus aux peuples voisins, saisit celui-ci. Il se mit en campagne et poursuivit les bestiaux de Proagoras et de quelques autres, et ce fut là le commencement de la guerre. (Excerpta Vales.) Schweigh.


IV.


Affaire d’Antiochus en Arabie.


Chatténia, troisième division du pays des Gerréens. Polybe, livre xiii. Le sol de Chatténia est un sol stérile, mais il est cependant couvert de bourgs et de tours à cause de l’opulence des Gerréens qui l’habitent. Elle est sur la mer Érythréenne. (Steph. Byz. in Καττηνία.) Schweigh.