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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/80

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Nous avons dit que vingt mille Gaulois s’étaient séparés de Prausus un peu avant sa grande défaite ; ils traversèrent la Thrace, continuant à marcher vers l’Orient, jusqu’à ce qu’ils fussent arrêtés par la mer.

Après s’être emparés de la Chersonnèse, avoir dévasté les bords de l’Hellespont et ceux de la Propontide, voulant passer en Asie, ils demandent des vaisseaux à Antipater qui avait, on ne sait à quel titre, une puissance dans ces contrées. Antipater ne se hâte point d’accorder leur demande ; il négocie, gagne du temps, et se flatte que ces barbares seront détruits, ou se disperseront d’eux-mêmes.

En effet, la discorde se met entre les deux chefs Lutarius et Leonorius. Le premier remonte le long de la Propontide, et s’approchant du Bosphore de Thrace, va causer un nouvel effroi aux Byzantins.

Toujours fidèle à son système, Antipater se contente d’envoyer des ambassadeurs à Leonorius. Ils arrivaient par mer de la Propontide, n’ayant pour eux et leur suite que deux vaisseaux pontés et deux barques qui ne l’étaient point. Les Gaulois s’en emparent, passent jour et nuit le détroit par petites troupes, et débarquent dans la Troade. (Ans 470 de Rome, 278 avant notre ère).

Tel était le mauvais gouvernement de ces rois grecs qui se disputaient l’Asie, qu’il ne se trouva personne sur l’autre rive de l’Hellespont, pour empêcher Leonorius d’y descendre avec ses Gaulois. On les appela Galates, et c’est sous ce nom que l’on a toujours désigné les hordes de cette nation qui se fixèrent dans l’Asie-Mineure.

Le passage de ces Gaulois d’Europe en Asie fut un événement célèbre chez les Grecs. Démétrius, de Byzance, écrivit cette histoire en treize livres ; malheureusement elle s’est entièrement perdue. Les ravages des Barbares ont anéanti l’ouvrage qui pouvait le mieux faire connaître leur origine et leurs mœurs.

À la mort de son père l’un des successeurs d’Alexandre, Nicomède, roi de Bythinie, fit périr deux de ses frères ; Zibæas, le troisième, lui échappa, et prétendit le chasser d’un trône qu’il avait déshonoré.

Nicomède aima mieux livrer une partie de ses États aux Gaulois, que de perdre sa couronne ; il appela Lutarius qui cherchait aussi à traverser le Bosphore, et, avec son secours et celui de Leonorius, ayant vaincu son frère et soumis la Bythinie, il céda aux deux chefs le pays qui avait pris le parti du malheureux Zibæas. Ce pays, situé aux bords de l’Hellespont, fut le premier établissement des Gaulois en Asie.

Ils y restèrent environ quarante années, faisant toujours des courses, et pillant toutes les contrées voisines ; mais lorsque Attale, roi de Pergame, les eut entièrement défaits, trente-sept ans après leur arrivée en Asie, ils désirèrent de quitter l’Hellespont où ils étaient fréquemment attaqués par les flottes des rois de Syrie, et quelquefois même par celles des rois d’Égypte. Au lieu de construire des vaisseaux pour les repousser, les Gaulois, toujours nomades et guerriers, préférèrent abandonner les bords de la mer, et s’enfoncer dans l’Asie-Mineure.

Ils se fixèrent entre les villes de Tavium, de Pessin et d’Ancyre. Memnon dit qu’ils bâtirent ces villes ; il est sûr, cependant, qu’elles existaient long-temps avant l’arrivée des Gaulois. Ce peuple n’avait pas plus le génie de fonder des villes que celui d’équiper des flottes.

Ce fut le terme de leurs migrations :