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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/899

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POLYBE, LIV. XXII.

la guerre le champ sacré ; on les y rétablit. Chio, Smyrne et Érythrée, qui s’étaient distinguées par leur attachement au parti romain, reçurent les terres que chacun souhaitait et croyait lui convenir. Les Phocéens rentrèrent en possession de leur premier gouvernement et de leur ancien domaine.

On vint ensuite aux Rhodiens. La Lycie et la Carie, jusqu’au Méandre, à l’exception de Telmesse, leur furent attribuées. À l’égard d’Eumène et de ses frères, on ne se contenta pas de ce que l’on avait réglé en leur faveur dans le traité de paix ; on leur donna encore Lysimachie avec la Chersonèse en Europe, et les terres avec les châteaux qui y confinent et qui obéissent à Antiochus ; et en Asie, les deux Phrygies, la petite, proche de l’Hellespont et la grande, la Mysie, qu’ils avaient déjà conquise, la Lycaonie et la Lydie, les villes de Mylias, de Trallis, d’Éphèse, de Telmesse. Le roi de Pergame eut quelques contestations avec les ambassadeurs d’Antiochus, prétendant que la Pamphylie est en deçà du mont Taurus. Le procès fut renvoyé au sénat. Toutes les affaires, ou du moins la plupart et les plus nécessaires, étant ainsi réglées, le proconsul prit la route de l’Hellespont, et, chemin faisant, confirma tout ce qui avait été fait avec les Gaulois. (Ibid.)


VI.


On découvre déjà vers cette époque la cause des malheurs qui frappèrent la maison des rois de Macédoine. Je n’ignore pas que plusieurs écrivains qui ont traité de la guerre des Romains avec Persée veulent lui donner une autre origine, parlant d’abord de l’expulsion du roi Alezupor, qui, après la mort de Philippe, tenta de s’emparer des mines d’or et d’argent du mont Pangée, ce qui détermina Persée à lui faire la guerre, et à le dépouiller ensuite de tous ses états. Une autre cause serait l’invasion de la Dolopie à la suite de cette affaire, et l’arrivée de Persée à Delphes. La troisième enfin, les embûches dressées dans cette ville au roi Eumène, et le meurtre des députés béotiens. Tels seraient, dis-je, les événemens qui, selon ces écrivains, auraient allumé la guerre entre Persée et les Romains.


Je pense qu’il est du plus grand intérêt, non-seulement pour les historiens, mais encore pour tous ceux qui lisent avec réflexion, de connaître les véritables causes d’événemens d’où sont sortis tant d’infortunes. Or, beaucoup d’écrivains font une confusion singulière, pour ne pas savoir distinguer la cause et le prélude des événemens, et en quoi le prélude d’une guerre diffère de son origine. Incité par les faits eux-mêmes, je suis forcé de m’appesantir sur ce point. Car si les premiers événemens, rapportés ci-dessus, forment le prélude, on doit chercher le principe de la guerre avec Persée et de l’anéantissement du royaume de Macédoine, dans les embûches dressées au roi Eumène, dans les circonstances du meurtre des députés, et de tant d’autres crimes semblables qui ensanglantèrent cette époque. Quant à la cause de tous ces événemens, elle est réellement nulle : ce que je prouverai par la suite de mon récit. De même, en effet, que nous avons affirmé que Philippe, fils d’Amyntas, avait préparé la guerre contre les Perses, et qu’ensuite, Alexandre ne fit que mettre à exécution les projets de son père ; ainsi nous dirons aujourd’hui que Philippe, fils de Démétrius, ayant conçu le projet de