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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/949

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POLYBE, LIV. XXVIII.

sur les parens et la jeunesse de Ptolémée, et tâchèrent en se disculpant ainsi d’apaiser la colère d’Antiochus. Ce prince non-seulement convint de tout ce qu’ils disaient, mais leur aida même à faire leur apologie ; puis, passant aux raisons qui justifiaient que la Cœlé-Syrie avait de tout temps appartenu aux rois de Syrie, il fit voir qu’Antigonus, premier fondateur du royaume de Syrie, avait été maître de cette contrée : il leur montra les actes authentiques par lesquels les rois de Macédoine, après la mort d’Antigonus, avaient cédé ce pays à Séleucus. Il appuya ensuite beaucoup sur la dernière conquête qu’en avait faite Antiochus, son père. Enfin, il soutint que rien n’était plus faux que ce qu’avançaient les Alexandrins ; savoir, que, par traité conclu entre le dernier Ptolémée et son père Antiochus, Ptolémée, en épousant Cléopâtre, mère du Ptolémée régnant, devait avoir la Cœlé-Syrie. Après s’être ainsi persuadé lui-même, et avoir persuadé ceux qui l’écoutaient que son droit était bien fondé, il se mit en mer pour aller à Naucrates. Il y fit beaucoup de caresses aux habitans, et donna une pièce d’or à chacun des Grecs qui y demeuraient. De là il prit la route d’Alexandrie, où il dit aux ambassadeurs que, pour leur répondre, il attendrait qu’Aristide et Théris, qu’il avait envoyés vers Ptolémée, fussent de retour, parce qu’il était bien aise que les ambassadeurs de Grèce fussent témoins de tout ce qu’il ferait. (Ibid.)


Antiochus envoie des ambassadeurs et de l’argent à Rome.


Ce prince, après avoir levé le siége d’Alexandrie, dépêcha à Rome Méléagre, Sosiphane et Héraclide, promettant de leur donner cent cinquante talens, dont cinquante seraient employés pour acheter une couronne aux Romains, et le reste distribué à quelques villes de Grèce. (Ibid.)


Conférence des ambassadeurs rhodiens avec Antiochus, en Égypte.


Il arriva vers le même temps à Alexandrie, de la part des Rhodiens, une ambassade, dont le chef était Pration. Ces ambassadeurs, qui venaient pour porter les deux rois à la paix, allèrent peu après trouver Antiochus dans son camp. Pration avait préparé un long discours sur l’attachement qu’avait sa patrie pour les deux royaumes, sur la liaison que les deux rois avaient l’un pour l’autre, et qui devait les engager à vivre ensemble en bonne intelligence, et sur les avantages que tous les deux tireraient de la paix. Mais Antiochus l’interrompant lui dit qu’il n’y avait pas besoin de tant de paroles, qu’il reconnaissait que le royaume appartenait de droit à l’aîné des Ptolémées, et que depuis long-temps il avait fait la paix avec l’autre et qu’ils étaient amis. Ce qui est si vrai, ajouta-t-il, que si les habitans veulent le rappeler de son exil, je ne m’y oppose pas ; et, en effet, il ne s’y opposa point. (Ibid.)


VI.


Persée, déçu de toutes ses espérances par l’entrée des Romains en Macédoine, s’en prend à Hippias. Mais il est facile, ce me semble, d’adresser des reproches à quelqu’un, et d’apercevoir les fautes d’autrui ; le difficile est de bien faire soi-même ses affairés : Persée en offre ici la preuve.

Polybe fut envoyé comme ambassadeur de la part des Achéens vers Ap-