Aller au contenu

Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/950

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
942
POLYBE, LIV. XXIX.

pius ; il revint ensuite dans le Péloponnèse, après que les lettres eurent été remises et que les Achéens se furent rassemblés à Sicyone. Il se trouva alors dans une situation vraiment critique, par le rapport du décret, au sujet des soldats auxiliaires demandés par Appius Centon. (Angelo Mai et Jacobus Geel, ubi suprà.)


L’eunuque Euléus persuade à Ptolémée d’emporter ses trésors, d’abandonner sa couronne à ses ennemis, et de s’enfuir à Samothrace. À qui un pareil conseil ne ferait-il pas avouer que le fléau le plus terrible des hommes, ce sont les perfides amis ? Mais qu’une fois hors du danger, et séparé de ses ennemis par de pareilles limites, il n’ait plus tenté aucun effort, malgré sa favorable position et la grandeur de ses forces ; que, bien au contraire, il ait tout à coup, de lui-même et sans résistance, abandonné le plus riche et le plus puissant des empires, n’est-ce pas la preuve insigne d’une âme de femme, énervée, corrompue ? Si Ptolémée la tient de la nature, c’est la nature qu’il fallait en accuser, au lieu de rejeter la faute sur un autre homme. Mais puisqu’en beaucoup de circonstances son caractère s’est révélé, qu’il a paru ferme et généreux au milieu du péril, il est juste qu’on rejette sur un vil eunuque et sur son commerce corrupteur l’accusation de cette faiblesse déshonorante et de cette fuite à Samothrace[1]. (Ibid.)


Il disait que leur seule occupation, soit dans les réunions, soit dans les promenades, était de suivre bien tranquillement à Rome la guerre de Macédoine, tantôt blâmant les actes des généraux, tantôt énumérant leurs négligences ; critiques dont il ne résulte aucun profit pour les affaires publiques, mais presque toujours du dommage. Souvent les généraux sont gênés et affaiblis par ces bavardages inopportuns ; car toute calomnie ayant quelque trait acéré et pénétrant, après que la foule s’est laissé prendre aux clameurs réitérées, l’ennemi lui-même conçoit du mépris pour ceux que l’on critique. (Ibid.)

Il est vraisemblable que ces réflexions sont de Paul-Émile.




FRAGMENS
DU

LIVRE VINGT-NEUVIÈME.


I.


Ambassade des Romains dans l’Égypte.


Le sénat romain, informé qu’Antiochus était maître de l’Égypte et le serait bientôt d’Alexandrie, ne crut pas qu’il lui fût indifférent de permettre à ce prince d’étendre sa domination. C’est pourquoi il envoya sur les lieux C. Popilius, tant pour porter à la paix ces

  1. Lieu de refuge inviolable.