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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/970

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POLYBE, LIV. XXX.

fissent alliance avec la république romaine. Mais pendant qu’on remettait de jour en jour à lui répondre, ce vieillard, âgé de plus de quatre-vingts ans, paya le tribut à la nature. Sur ces entrefaites arrivèrent à Rome les bannis de Caune et de Stratonicée ; ils firent leurs plaintes devant le sénat, et en obtinrent un arrêt qui ordonnait aux Rhodiens de retirer les garnisons de ces deux villes. Sur-le-champ Philophron et Astymède prirent le chemin de leur patrie, dans la crainte que les Rhodiens, refusant de se soumettre à cet ordre, n’attirassent sur eux quelque nouveau malheur. (Ambassades.) Dom Thuillier.


IV.


Haine des Péloponnésiens contre Callicrate.


Dans le Péloponnèse, quand les ambassadeurs, à leur retour de Rome, eurent rapporté ce que le sénat leur avait répondu, il n’y eut à la vérité ni sédition ni tumulte ; mais on n’y put cacher la colère et la haine dont on était animé contre Callicrate.

Le fait suivant prouvera bien quelle haine on avait contre Callicrate et Andronide, et les autres personnages de cette faction. Lors de la célébration à Sicyone d’une fête célèbre qu’on appelait les Antigonies, les femmes même de la plus mauvaise réputation avaient l’habitude de se rendre aux mêmes bains publics, qui étaient fréquentés par les hommes les plus brillans ; mais qu’Andronide ou Callicrate se rendissent dans ces bains, aucun de ceux qui arrivaient ensuite ne voulait entrer dans les bains qu’on n’eût vidé complètement l’eau qui leur avait servi, et qu’on n’eût lavé soigneusement et épuré le tout : comme si chacun eût crû se souiller en se baignant dans les mêmes eaux qu’eux. On ne saurait dire à quels sifflemens et ricanemens s’exposaient tous ceux qui osaient les louer en public. Les enfans eux-mêmes, en revenant des écoles, ne redoutaient pas de leur donner le nom de traîtres, toutes les fois qu’ils les rencontraient : tant s’étaient glissées dans les cœurs de grandes souffrances et une vive haine ! (Ibid.)


V.


..... D’autres vous parlent de la guerre de Syrie. La cause en est, comme nous l’avons dit, que ces écrivains, avec un sujet futile et dénué d’intérêt, veulent se donner des airs d’historiens. Pour cela, ils exagèrent les faits peu importans, et délayent le plus qu’ils peuvent ce qu’ils devraient dire en peu de mots ; ils embellissent les petites choses, afin d’en faire des événemens ; placent sous vos yeux, et décrivent pompeusement des escarmouches et des rencontres où furent tués dix fantassins, quelquefois moins ; où l’on perdit moins de cavaliers encore. Quant aux siéges, aux descriptions topographiques et aux récits de ce genre, on ne saurait dire combien ils s’y évertuent à cause de la disette de faits. Notre manière d’écrire est tout-à-fait opposée à celle-là. Aussi ne faut-il pas nous accuser de divaguer quand nous passons sous silence des choses jugées dignes d’une longue explication, quand souvent nous les disons sans détail ; mais il faut bien croire que nous donnons à chaque chose son importance véritable. Lorsque ces écrivains dont nous parlions racontent, par exemple, la prise de Phaloria, de Coronée et d’Haliarte, ils sont forcés d’y joindre toutes les ruses, tous les coups de main, toutes les dispositions. Il faut parler aussi du siége de Tarente, de Corinthe, de Sardes, de Gaza, de Syracuse, et surtout de Carthage. On ne plaît