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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/969

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POLYBE, LIV. XXX.

étaient inévitables. Pour se tirer de cette affaire le moins mal qu’ils pourraient, ils s’avisèrent d’un expédient. Sous le prétexte qu’il en coûtait trop à la république pour recevoir les rois qui venaient à Rome, ils firent un sénatus-consulte par lequel ils défendaient en général à tous les rois d’entrer dans cette ville. Peu après, sur la nouvelle qu’Eumène avait débarqué au port de Brindes, on fit partir un questeur pour signifier au roi de Pergame l’ordre de s’arrêter pour lui demander ce qu’il avait à traiter au sénat, et, en cas qu’il n’eût rien à y traiter, pour lui ordonner de sortir d’Italie sans délai. Eumène, ayant entendu le questeur, comprit quelle était la disposition des Romains à son égard, et ne répondit autre chose, sinon qu’il n’avait nul besoin à Rome. Telle fut la ruse dont le sénat se servit pour empêcher qu’Eumène ne vînt le trouver.

Cet affront attira au roi de Pergame une autre affaire très-fâcheuse, et dont les Romains, qui s’étaient proposés de la lui faire, pour l’humilier de toutes manières, tirèrent de grands avantages. Il était alors menacé d’une irruption de la part des Gallo-Grecs. Or, après l’injure qu’il venait de recevoir, il était hors de doute que ses alliés n’auraient pas le courage de le secourir, et que les Gallo-Grecs, au contraire, deviendraient plus hardis à l’attaquer. Voilà ce qui se passa au commencement de l’hiver. Ensuite le sénat écouta tous les autres ambassadeurs (car il n’y eut ni ville, ni prince, ni roi qui ne députât à Rome pour prendre part au plaisir qu’y causait la défaite de Persée), et tous reçurent des réponses pleines de politesse et d’affection. Les Rhodiens n’eurent pas lieu d’être si satisfaits. On les congédia sans leur avoir rien dit de positif sur ce qu’ils avaient à craindre ou à espérer pour l’avenir. À l’égard des Athéniens, le sénat était très-irrité contre eux. (Ambassades.) Dom Thuillier.


Injustice des Athéniens à l’égard des Haliartes.


Il était venu d’Athènes des ambassadeurs à Rome pour prier que les Haliartes fussent rétablis dans leur premier état. N’étant point écoutés sur cet article, ils passèrent à un autre, et demandèrent qu’on les mît en possession de Délos, de Lemnos et du pays des Haliartes ; car leurs instructions portaient qu’ils feraient leurs efforts, ou pour obtenir le rétablissement de ce peuple, ou pour engager le sénat à en donner la domination aux Athéniens. Comme ils s’étaient déjà rendus maîtres des deux îles, on ne peut les blâmer d’en avoir sollicité la possession : mais qu’ils aient encore voulu que les Haliartes leur fussent attribués, c’est ce que l’on aura peine à leur pardonner. Qu’on n’ait point aidé une des plus anciennes villes de la Béotie à se relever et à sortir de l’état malheureux où elle était réduite, c’est un grand mal ; mais c’en est encore un plus grand de l’effacer de la mémoire des hommes et de lui ôter toute espérance de se rétablir jamais. Il ne convenait à aucun peuple de la Grèce de se permettre un procédé si injuste, mais cela convenait moins encore aux Athéniens qu’à tout autre peuple. Ni loi, ni coutume, ne leur permettaient de faire de leur patrie la patrie de tous les Grecs, et d’envahir les villes qui ne leur appartenaient pas. Cependant le sénat leur accorda Délos et Lemnos. (Ibid.)


Les Rhodiens évacuent Caune et Stratonicée.


Théætète, introduit dans le sénat, le pria de trouver bon que les Rhodiens

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