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Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/974

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POLYBE, LIV. XXXI.

des combats de gladiateurs, des parties de chasse pendant les trente jours qu’il fit durer ces fêtes. Tous ceux qui combattaient au gymnase s’oignirent les cinq premiers jours de parfums de safran qu’on tirait de cuvettes d’or. On eut donc pour se frotter, durant les quinze premiers jours, d’abord des parfums de safran pour les cinq premiers, puis des parfums de cinname pour les cinq suivans, et des parfums de nard pour les cinq derniers de la quinzaine. On apporta de même, pour les quinze jours suivans, savoir : pour les cinq premiers jours du parfum de fenugrec, de marjolaine pour les cinq suivans, et d’iris pour les cinq derniers ; chacun de ces parfums avait une odeur différente.

On dressa tantôt mille triclins, tantôt quinze cents avec le plus grand appareil pour les repas de la fête. C’était le roi qui ordonnait et réglait tout lui-même ; monté sur un méchant cheval, il courait par tout le cortége, faisant avancer les uns, arrêter les autres. Il se tenait à l’entrée pendant les repas, faisant entrer ceux-ci, plaçant ceux-là sur les lits. Il était lui-même devant les serviteurs qui apposaient les mets ; mais passant tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, il s’asseyait à côté des convives, ou il s’étendait sur l’un ou l’autre lit. Quelquefois laissant le morceau ou la bouchée, ou le gobelet qu’il tenait, il se levait d’un saut, passait ailleurs, et parcourait toutes les tables, recevant debout les santés qu’on lui portait : il allait folâtrer d’un autre côté avec les uns ou les autres, et même avec les baladins.

On le voyait aussi vers la fin du repas et lorsque nombre de personnes s’étaient retirées, se laisser introduire, couvert, par les bouffons qui le mettaient à terre, lui roi, comme un de leur troupe. Si l’on faisait entrer les musiciens, aussitôt il dansait, sautait, faisait son rôle avec les bouffons, au point de faire rougir et partir tous ceux qui en étaient témoins.

Toutes ces choses furent exécutées avec les fonds qu’il s’était procurés en Égypte, soustrayant tout ce qu’il put, et trompant, contre toutes les lois de l’honneur, le roi Ptolémée Philométor pendant sa minorité. Ses amis contribuèrent à ces dépenses ; mais les dépouilles des temples qu’il avait pillés lui en avaient procuré la plus grande partie. (Apud Athenæum, lib. v, c. 5.) Schweighæuser.


Accueil que reçoit Tibérius à la cour d’Antiochus.


La guerre terminée, Tibérius alla en qualité d’ambassadeur chez Antiochus pour observer quelles étaient ses dispositions. Antiochus le reçut avec tant de politesse et d’amitié, que non-seulement cet ambassadeur ne conçut aucun soupçon contre lui, et ne s’aperçut pas qu’il eût sur le cœur ce qui s’était passé à Alexandrie, mais qu’il blâma tous ceux qui faisaient contre ce prince de ces sortes de rapports. En effet, outre les honnêtetés qu’Antiochus fit à Tibérius, sortit de son palais pour l’y loger ; peu s’en fallut qu’il ne lui cédât aussi son diadème. Malgré cela, il est certain qu’il était très-éloigné de le faire, et qu’il était, au contraire, très-résolu de se venger des Romains. (Ambassades.) Dom Thuillier.


II.


Eumène est accusé à Rome par les ambassadeurs de Prusias. — Astymède va une seconde fois à Rome et obtient enfin l’alliance.


Parmi les ambassadeurs qui étaient venus à Rome de divers endroits, les