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Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/112

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sexe ou l’âge : un détachement du 26e de ligne occupait le parc Monceaux, où l’on amenait un grand nombre de prisonniers : ils étaient tous fusillés pêle-mêle ; on y entendait toute la journée le bruit sinistre des feux de peloton. A côté de l’École militaire, le procès des prisonniers est déjà terminé, disait un journal conservateur, ce n’est que détonations. La brigade Berthe fut chargée, à cet endroit, de cette ; besogne. La rage de tuer était telle, qu’il était impossible de sortir de chez soi, même pour aller aux provisions, sans courir le risque d’être fusillé. « J’ai vu, » écrivait à un journal belge un négociant notable de Paris, « j’ai vu, en tremblant d’indignation et de colère, fusiller des femmes, des enfants et des vieillards : j’ai vu entrer dans des maisons, passer au fil de l’épée, indistinctement, tous les habitants, jeter les cadavres par les croisées : j’ai vu dans les rues, de mes yeux vu, dans le quartier Rivoli, des soldats versaillais attiser eux-mêmes le feu, donnant à leur crime un semblant de justification en accusant les fédérés. »

Alors fut créée cette monstrueuse légende des pétroleuses, qui, faisant vite son chemin dans la terreur publique, coûta la vie à des milliers de femmes innocentes. Toute femme