Aller au contenu

Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mairie, illuminée par l’incendie de la Villette. Il se fit cette nuit un grand commerce de bottes de foin et de paille que ces voleurs de fédérés eurent l’indélicatesse de payer comptant et fort cher, comme du reste toutes les denrées, car au milieu de leurs angoisses les commerçants de Belleville ne perdaient pas l’instinct de leurs intérêts. Nous allâmes chercher asile à la mairie. A peine installés, un obus tomba dans la chambre voisine. Nous remontâmes au quartier général à travers les obus. — cinq en moins de quarante mètres. C’était un enthousiasme véritable à chaque explosion. Du reste, pendant cette guerre des rues, nous ne vîmes jamais les assiégés se jeter à terre devant les obus, comme ils le faisaient en rase campagne où le danger était pourtant bien moindre. Nous trouvâmes rue Haxo une pièce vide, complètement dépourvue de meubles, où nous commencions à établir notre campement, lorsque les membres de la Commune X et Varlin entrèrent. Le colonel X, commandant la place, les prévenait qu’il ne répondait plus de la position. Depuis l’exécution des otages, cet officier avait complètement perdu la tête ; longtemps il s’était refusé à donner le moindre ordre, et il n’avait cédé qu’à la menace d’être arrêté. Le délégué aux finances Jourde décida que par prudence