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Page:Lissagaray - Les huit journees de mai, Petit Journal Bruxelles, 1871.djvu/308

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(Note 4.)


Voici la prétendue traduction de la lettre adressée au Morning-Post, publiée par l’Officiel de M. Thiers :


A l’éditeur du Morning-Post.
PROTESTATION.


Monsieur,

Nous lisons aujourd’hui qu’une nouvelle boucherie a eu lieu à Versailles : 150 hommes ont été massacrés (have been butchered). Je désirerais savoir enfin si notre horreur du meurtre a deux poids et deux mesures. Le meurtre cesse-t-il d’être inique, lorsque les meurtriers sont du parti de l’ordre et non de la Commune ? Lorsqu’ils assassinent au nom de la religion, sont-ils plus justifiables qu’en se drapant dans l’athéisme ?

Sans doute, le parti de l’ordre a raison de traiter d’assassins et d’incendiaires les gens de la Commune ; est-ce une raison, pour lui, de continuer à faire un métier de boucher ? Tel est cependant le fanatisme que la guerre civile a soufflé dans les esprits.

Les communeux ont massacré 64 otages ; c’est vrai : ils se sont conduits en bêtes fauves, on les traite en bêtes fauves. Cependant, cet abominable crime, les communeux ne s’en sont rendus coupables que sous la pression des êtres désespérés entre les mains desquels était tombé le pouvoir ; et ces hommes eux-mêmes étaient enveloppés d’un cercle de flammes et de plomb. Mais que dire des infamies commises par l’autre camp ? On vient d’exécuter 13 femmes après les avoir publiquement outragées (disgraded) en pleine place Vendôme. En même temps, une lettre nous informe qu’un convoi de vingt à trente filles, bien mises, des ouvrières d’un établissement de cou-