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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/105

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par M. Locke.

parce que tout y est commun, soit parce que tout y est sujet à la pourriture, il n’y a rien qui puisse tenir lieu d’argent : quelle raison peut obliger une personne d’étendre sa possession au-delà des besoins de sa famille, et de l’abondance dont il peut jouir, soit en se servant de ce qui est une production précise de son travail, ou en troquant quelqu’une de ces productions utiles et commodes, mais périssables, pour d’autres à-peu-près de la même nature ? Où il n’y a point de choses durables, rares, et d’un prix assez considérable, pour devoir être gardées long-tems, on n’a que faire d’étendre fort ses possessions et ses terres, puisqu’on en peut toujours prendre autant que la nécessité le requiert. Car enfin, je demande, si un homme occupoit dix mille ou cent mille arpens de terre très-bien cultivée, et bien pourvue et remplie de bétail, au milieu de l’Amérique, où il n’auroit nulle espérance de commerce avec les autres parties du monde, pour en attirer de l’argent par la vente de ses revenus et des productions de ses terres, toute cette grande étendue de terre vaudroit-elle la peine d’être fermée de certaines bornes, d’être appropriée ? Il est manifeste que le