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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/106

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Du Gouvernement Civil,

bon sens voudroit que cet homme laissât, dans l’état commun de la nature, tout ce qui ne seroit point nécessaire pour le soutien et les commodités de la vie, de lui et de sa famille.

XXIV. Au commencement, tout le monde étoit comme une Amérique, et même beaucoup plus dans l’état que je viens de supposer, que n’est aujourd’hui cette partie de la terre, nouvellement découverte. Car alors on ne savoit nulle part ce que c’étoit qu’argent monnoyé. Et il est à remarquer que dès qu’on eut trouvé quelque chose qui tenoit auprès des autres la place de l’argent d’aujourd’hui, les hommes commencèrent à étendre et à agrandir leurs possessions.

XXV. Mais depuis que l’or et l’argent, qui, naturellement sont si peu utiles à la vie de l’homme, par rapport à la nourriture, au vêtement, et à d’autres nécessités semblables, ont reçu un certain prix et une certaine valeur, du consentement des hommes, quoiqu’après tout le travail contribue beaucoup à cet égard ; il est clair, par une conséquence nécessaire, que le même consentement a permis les possessions inégales et disproportionnées. Car dans les gouvernemens où les loix règlent tout, lorsqu’on y