Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/113

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
107
par M. Locke.

vation et à son entretien, et de se conduire conformément à la loi de la raison, dont Dieu avoit orné son ame. Depuis, le monde a été peuplé de ses descendans, qui sont tous nés enfans, foibles, incapables de se donner aucun secours à eux-mêmes, et sans intelligence. C’est pourquoi, afin de suppléer aux imperfections d’un tel état, jusqu’à ce que l’âge les eût fait disparoître, Adam et Ève, et après eux, tous les pères et toutes les mères ont été obligés, par la loi de la nature, de conserver, nourrir et élever leurs enfans, non comme leur propre ouvrage, mais comme l’ouvrage de leur Créateur, comme l’ouvrage du Tout-Puissant, à qui ils doivent en rendre compte.

VI. La loi qui devoit régler la conduite d’Adam, étoit la même que celle qui devoit régler la conduite et les actions de toute sa postérité, c’est-à-dire, la loi de la raison. Mais ceux qui sont descendus de lui, entrant dans le monde par une voie différente de celle par laquelle il y étoit entré, y entrant par la naissance naturelle, et par conséquent naissant ignorans et destitués de l’usage de la raison, ils ne sont point d’abord sous cette loi : car personne ne peut être sous une loi qui ne lui est point manifestée ;