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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/118

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Du Gouvernement Civil,

teint l’état de liberté, et que son esprit puisse être propre à gouverner sa volonté selon les loix. Mais après cela, le père et le fils, le tuteur et le pupille sont égaux ; ils sont tous également soumis aux mêmes loix : et un père ne peut prétendre alors avoir nulle domination sur la vie, sur la liberté, sur les biens de son fils, soit qu’ils vivent seulement dans l’état et sous les loix de la nature, soit qu’ils se trouvent soumis aux loix positives d’un gouvernement établi.

IX. Mais si par des défauts qui peuvent arriver, hors du cours ordinaire de la nature, une personne ne parvient pas à ce degré de raison, dans lequel elle peut être supposée capable de connoître les loix et d’en observer les règles, elle ne peut point être considérée comme une personne libre, on ne peut jamais la laisser disposer de sa volonté propre, à laquelle elle ne sait pas quelles bornes elle doit donner. C’est pourquoi étant sans l’intelligence nécessaire, et ne pouvant se conduire elle-même, elle continue à être sous la tutelle et sous la conduite d’autrui, pendant que son esprit demeure incapable de ce soin. Ainsi, les lunatiques et les idiots sont toujours sous la [conduite]