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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/124

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Du Gouvernement Civil,

gardien et de gouverneur de ses enfans, que lorsqu’il vient à n’avoir plus soin d’eux et à les abandonner, dans le même tems qu’il se dépouille des tendresses paternelles, il se dépouille du pouvoir qu’il avoit auparavant sur eux, qui étoit inséparablement annexé au soin qu’il prenoit de les nourrir et de les élever, et qui passe ensuite tout entier au père nourrissier d’un enfant exposé, et lui appartient autant, qu’appartient un semblable pouvoir au père naturel et véritable d’un autre. Le simple acte de génération donne, sans doute, à un homme un pouvoir bien mince sur ses enfans ; si ces soins n’alloient pas plus avant, et s’il n’alléguoit point d’autre fondement du nom et de l’autorité de père, ce fondement ne seroit pas grand chose. Et je puis demander ici, qu’arrivera-t-il de ce pouvoir paternel, dans cette partie du monde où une femme a deux maris en même tems ? ou dans ces endroits de l’Amérique, dans lesquelles quand le mari et la femme viennent à se séparer, ce qui arrive fréquemment, les enfans sont tous laissés à la mère, la suivent, et sont entièrement sous sa conduite ? Que si un père meurt pendant que ses enfans sont jeunes et dans le bas-âge, ne sont-