Aller au contenu

Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
117
par M. Locke.

pères et les mères acquièrent cette autorité avec laquelle ils gouvernent la minorité de leurs enfans. Dieu les a chargés du soin de ceux à qui ils ont donné la naissance, et a mis dans leur cœur une grande tendresse pour tempérer leur pouvoir, et les engager à ne s’en servir que par rapport à ce à quoi sa sagesse l’a destiné, c’est-à-dire, au bien et à l’avantage de leurs enfans, pendant qu’ils ont besoin de leur conduite et de leur secours.

XIII. Mais quelle raison peut changer ce soin, que les pères et les mères sont obligés de prendre de leurs enfans, en une domination absolue et arbitraire du père, dont certainement le pouvoir ne s’étend pas plus loin, qu’à user des moyens les plus efficaces et les plus propres, pour rendre leurs corps vigoureux et sains, et leurs esprits forts et droits, ensorte qu’ils puissent être un jour par-là plus utiles, et à eux-mêmes et aux autres ; et si la condition de leur famille le requiert, travailler de leurs mains pour pourvoir à leur propre subsistance. Mais la mère a aussi bien sa part que le père à ce pouvoir.

XIV. Il appartient si peu au père, par quelque droit particulier de la nature, et il est si certain qu’il ne l’a qu’en qualité de