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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/126

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Du Gouvernement Civil,

acquis par leur propre industrie, ou qu’ils soient des effets de la bonté et de la libéralité de quelqu’un. Il n’a nul pouvoir aussi sur leur liberté, dès qu’ils sont parvenus à l’âge de discrétion. Alors l’empire des pères cesse ; et ils ne peuvent non plus disposer de la liberté de leur fils, que de celle d’aucun autre homme. Et certes, il faut bien que le pouvoir, qu’on nomme paternel, soit bien différent d’une jurisdiction absolue et perpétuelle, puisque l’autorité divine permet de se soustraire à ce pouvoir[1]. L’homme laissera père et mère, et se joindra à sa femme.

XV. Cependant, bien que l’âge de discrétion soit le tems auquel un enfant est délivré de la sujétion où il étoit auparavant par rapport à la volonté et aux ordres de son père, lequel n’est nullement tenu lui-même de suivre la volonté de qui que ce soit ; et qu’ils soient l’un et l’autre obligés à observer les mêmes réglemens, soient qu’ils se trouvent soumis aux seules loix de la nature, ou qu’ils soient soumis aux loix positives de leur pays : néanmoins cette sorte de liberté n’exempte point un fils de

  1. Gen. II. 24. Éphes. V. 31.