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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/160

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Du Gouvernement Civil,

ces gens-là sont assurément toujours dans l’état de nature, aussi bien que tout Prince absolu y est, à l’égard de ceux qui sont sous sa domination.

XV. En effet, ce Prince absolu, que nous supposons, s’attribuant à lui seul, tant le pouvoir législatif, que le pouvoir exécutif, on ne sauroit trouver parmi ceux, sur qui il exerce son pouvoir, un Juge à qui l’on puisse appeler, comme à un homme qui soit capable de décider et régler toutes choses librement, sans prendre parti et avec autorité, et de qui l’on puisse espérer de la consolation et quelque réparation, au sujet de quelqu’injure ou de quelque dommage qu’on aura reçu, soit de lui-même, ou par son ordre. Tellement qu’un tel homme, quoiqu’il s’appelle Czar ou Sultan, ou de quelqu’autre manière qu’on voudra, est aussi bien dans l’état de nature avec tous ceux qui sont sous sa domination, qu’il l’y est avec tout le reste du genre-humain. Car, par-tout où il y a des gens qui n’ont point de réglemens stables, et quelque

    sairement de ne le pas faire, c’est-à-dire, à moins que les loix de la raison, ou de Dieu, n’enjoignent le contraire. Hooker, Eccl. Pol., lib. 1, §. 16 ».