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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/161

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par M. Locke.

commun Juge, auquel ils puissent appeler sur la terre, pour la décision des disputes de droit qui sont capables de s’élever entre eux, on y est toujours dans l’état de nature[1], et exposé à tous les inconveniens

  1. « Pour éloigner toutes ces fâcheries mutuelles, toutes ces injures, toutes ces injustices, savoir celles qui sont à craindre dans l’état de nature, il n’y avoit qu’un moyen à pratiquer, qui étoit d’en venir à un accord entre eux, par lequel ils formassent quelque sorte de gouvernement public, et s’y soumissent : ensorte que sous ceux à qui ils auroient commis l’autorité du gouvernement, ils pussent voir fleurir la paix, la tranquillité, et toutes les autres choses qui peuvent rendre heureux. Les hommes ont toujours reconnu que lorsqu’on usoit de violence envers eux, et qu’on leur faisoit tort, ils pouvoient se défendre eux-mêmes ; que chacun peut chercher sa propre commodité, mais que si en la cherchant on faisoit tort à autrui, cela ne devoit point être souffert, et que tout le monde devoit s’y opposer, par les meilleurs moyens ; et qu’enfin, personne ne pouvoit raisonnablement entreprendre de déterminer son propre droit ; et conformément à sa détermination et à sa décision, de passer ensuite à le maintenir : à cause que chacun est partial et envers soi, et envers ceux pour qui il a de l’affection, et que par conséquent les désordres ne finiraient point, si l’on ne donnait, d’un commun consentement, l’autorité et le pouvoir de décider et de régler tout,