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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/163

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par M. Locke.

XVI. Car si quelqu’un s’imagine que le pouvoir absolu purifie le sang des hommes, et élève la nature humaine, il n’a qu’à lire l’histoire de ce siècle ou de quelqu’autre, pour être convaincu du contraire. Un homme, qui, dans les déserts de l’Amérique, seroit insolent et dangereux, ne deviendroit point sans doute meilleur sur le trône, sur-tout lorsque le savoir et la religion seroient employés pour justifier tout ce qu’il feroit à ses sujets, et que l’épée et le glaive imposeroient d’abord la nécessité du silence à ceux qui oseroient y trouver à redire. Après tout, quelle espèce de protection est celle d’un Monarque absolu ? Quelle sorte de père de la patrie est un tel Prince ? Quel bonheur, quelle sûreté en revient à la société civile, lorsqu’un gouvernement, comme celui dont il s’agit, a été amené à sa perfection, nous le pouvons voir dans la dernière relation de Ceylan ?

XVII. À la vérité, dans les monarchies absolues, aussi bien que dans les autres formes de gouvernemens, les sujets ont des loix pour y appeler, et des Juges pour faire terminer leurs différends et leurs procès, et réprimer la violence que les uns peuvent faire aux autres. Certainement, il n’y a