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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/164

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Du Gouvernement Civil,

personne qui ne pense que cela est nécessaire, et qui ne croie que celui qui voudroit entreprendre de l’abolir, mériteroit d’être regardé comme un ennemi déclaré de la société et du genre-humain. On peut raisonnablement douter que cet usage établi ne vienne d’une véritable affection pour le genre-humain et pour la société, et soit un effet de cette charité que nous sommes tous obligés d’avoir les uns pour les autres ; cependant, il ne se pratique rien en cela, que ce que ceux qui aiment leur pouvoir, leur profit et leur agrandissement, peuvent et doivent naturellement laisser pratiquer, qui est d’empêcher que ces animaux, dont le travail et le service sont destinés aux plaisirs de leurs maîtres et à leur avantage, ne se fassent du mal les uns aux autres, et ne se détruisent. Si leurs maîtres en usent de la sorte, s’ils prennent soin d’eux, ce n’est par aucune amitié, c’est seulement à cause du profit qu’ils en retirent. Que si l’on se hasardoit à demander, ce qui n’a garde d’arriver souvent, quelle sûreté et quelle sauve-garde se trouve dans un tel état et dans un tel gouvernement, contre la violence et l’oppression du gouverneur absolu ? On recevroit bientôt cette réponse, qu’une