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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/166

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Du Gouvernement Civil,

prendre grand soin de remédier aux maux que pourroient leur faire des fouines et des renards, et pour être bien aises, et croire même qu’il seroit fort doux pour eux d’être dévorés par des lions.

XVIII. Quoique les flatteurs puissent dire, pour amuser les esprits du peuple, les hommes ne laisseront pas de sentir toujours les inconvéniens qui naissent du pouvoir absolu. Lorsqu’ils viendront à appercevoir qu’un homme, quel que soit son rang, est hors des engagemens de la société civile, dans lesquels ils sont, et qu’il n’y a point d’appel pour eux sur la terre, contre les dommages et les maux qu’ils peuvent recevoir de lui, ils seront fort disposés à se croire dans l’état de nature, à l’égard de celui qu’ils verront y être, et à tâcher, dès qu’il leur sera possible, de se procurer quelque sûreté et quelque protection efficace dans la société civile, qui n’a été formée, du commencement, que pour cette protection et cette sûreté ; et ceux qui en sont membres, n’ayant consenti d’y entrer que dans la vue d’être à couvert de toute injustice, et de vivre heureusement. Et quoiqu’au commencement (ainsi que je le montrerai plus au long dans la suite de ce Traité), [quelque]