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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/167

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par M. Locke.

quelque vertueux et excellent personnage, ayant acquis, par son mérite, une certaine prééminence sur le reste des gens qui étoient dans le même lieu que lui, ceux-ci aient bien voulu récompenser, d’une grande déférence, ses vertus et ses talens extraordinaires, comme étant une espèce d’autorité naturelle, et aient remis entre ses mains, d’un commun accord, le gouvernement et l’arbitrage de leurs différends, sans prendre d’autre précaution, que celle de se confier entièrement en sa droiture et en sa sagesse ; néanmoins, lorsque le tems eut donné de l’autorité, et, comme quelques-uns veulent nous le persuader, eut rendu sacrée et inviolable cette coutume, que la négligente et peu prévoyante innocence a fait naître, et a laissé parvenir à des tems différens, et à des successeurs d’une autre trempe, le peuple a trouvé que ce qui lui appartient en propre, n’étoit pas en sûreté et hors d’atteinte, sous le gouvernement dans lequel il vivoit, comme il devroit être, puisqu’il n’y avoit point d’autre fin d’un gouvernement, que de conserver ce qui appartient à chacun[1] : alors il n’a pu se croire

  1. « Dans le commencement, lorsque quelque