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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/172

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Du Gouvernement Civil,

conclu par tous ; les loix de la nature et de la raison dictant que la chose doit se pratiquer et être regardée de la sorte.

III. Ainsi, chaque particulier convenant avec les autres de faire un corps politique, sous un certain gouvernement, s’oblige envers chaque membre de cette société, de se soumettre à ce qui aura été déterminé par le plus grand nombre, et d’y consentir : autrement cet accord original, par lequel il s’est incorporé avec d’autres dans une société, ne signifieroit rien ; et il n’y auroit plus de convention, s’il demeuroit toujours libre, et n’avoit pas des engagemens différens de ceux qu’il avoit auparavant, dans l’état de nature. Car quelle apparence, quelle marque de convention et de traité y a-t-il en tout cela ? Quel nouvel engagement paroît-il, s’il n’est lié par les décrets de la société, qu’autant qu’il le trouvera bon, et qu’il y consentira actuellement ? S’il peut ne se soumettre et consentir aux actes et aux résolutions de sa société, qu’autant et selon qu’il le jugera à propos, il sera toujours dans une aussi grande liberté qu’il étoit avant l’accord, ou qu’aucune autre personne puisse être dans l’état de nature.